lundi 19 décembre 2022

Poéthique (une déambulation) 4

 



Photographie : Xavier Lainé - Le poème déchiré - 2012



Une pluie froide engourdit les prémisses de l’aube.

Mes yeux se posent, encore chargés de sommeil, sur l’écran.

Errements et bêtise au programme de l’aurore.

Quels mots dire qui n’ajoute rien à cette immense confusion des esprits ?


(3 décembre 2022 - 1 - 5h44)


*


Je ne brille pas sous la pluie.

Je ne brille pas comme une étoile.

Je n’en revendique pas même la petite lumière scintillante, dans le noir d’un matin sans gloire.

Je ne brille pas.

Je ne veux briller ni dans mon ciel, ni dans le vôtre.

Je suis cette pluie froide sur l’échine d’un matin doux.

Je suis la caresse du vent sur les ultimes feuilles de l’automne.

Je dépose, à la sortie de mes rêves, d’une main hésitante, les maigres mots qui me traversent.

Sans prétention, non, sans prétention.

Ne me demandez pas d’aller devant, avec la certitude d’une raison que je ne possède pas.

Je ne possède rien en ce monde.

Tout ne m’est que prêté, à titre provisoire.

Je ne brille pas.

Mon esprit s’affole lorsque je vous regarde avancer dans les pleins feux d’une célébrité revendiquée.

Votre MOI est si bien affirmé que le mien s’enfouit six pieds sous terre dans l’espoir d’un printemps tendre où il pourrait émerger sans honte.


Je ne brille pas : je tente de survivre dans un monde qui ne brille pas plus que moi, d’un monde que j’aurais voulu tellement différent, d’un monde qui me place devant ma toute impuissance à le bâtir plus humain qu’il n’est.

Je ne brille pas.

Je ne veux pas briller.

Mes mots se font larmes de pluie sur un petit jour qui tarde à s’éveiller.

Je tente juste de survivre à mes propres erreurs d’appréciation, à mes échecs dont vous semblez avec chance être épargnés.

Je ne brille pas.

Si un seul jour je vous ai donné la triste impression de vouloir vous dominer par mon savoir si maigre et mon ego rafistolé, je vous remercie de bien vouloir me pardonner.


(3 décembre 2022 - 2 - 7h24⁠1


*


Ici on me dit : « Autrefois venait la guerre, puis les privations liées à celle-ci. » Certes.

À bien y regarder, ce que guerre cachait et cache toujours c’est celle-là, que les plus riches et les dominants mènent depuis toujours contre les plus pauvres et les dominés (ceux qui ne savent pas y faire).

De tous temps, ceux-là n’ont jamais cessé de se serrer la ceinture, travaillant pour les premiers en percevant aumône, le salariat n’étant qu’une des variantes de l’esclavage avec l’avantage de faire semblant d’être autre chose.

Ouvrir les yeux, parfois ça peut avoir du bon, non ?


(3 décembre 2022 - 3 - 12h26)


Xavier Lainé



1 (J’écrivais ceci après une brève incursion en l’espace des « réseaux sociaux » qui ne sont qu’une mosaïque d’individualité toutes plus certaines d’avoir un « message » à délivrer.

Je retourne en mon terrier d’ignorances multipliées.)

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