dimanche 18 décembre 2022

Poéthique (une déambulation) 3

 



Photographie : Xavier Lainé - Le poème déchiré - 2012




Les sirènes marocaines ont envahi les rues.

Jeunes et moins jeunes brandissant leur drapeau national, déambulaient tous klaxons hurlants.

Un vent de folie tandis que je m’en allais quérir quelques fleurs.

Le vendeur s’approche, nos yeux se croisent : « Ne dites  rien, nous pensons la même chose ! »


Fonction d’oubli ou d’inconscience ?

Combien de morts sous les pelouses avant que la joie d’une victoire illusoire s’empare des foules ?

Combien de morts par instabilité climatique avant de comprendre la pure folie d’un stade climatisé au beau milieu d’un désert ?


(2 décembre 2022 — 1 — 8h49)


*


Les you-you n’effaceront pas le sang versé sur le sable du désert.


Je répète : —LES YOUYOUS N’EFFACERONT PAS LE SANG VERSE SUR LE SABLE DU DESERT—


(2 décembre 2022 — 2 — 15h45)


*


Quand le temps semble offrir un peu de répit, ce n’est qu’illusion.

Derrière sa latence, il y a toujours foule à qui répondre, prodiguer conseils, faire patienter…

Le temps est un traître qui ne lâche jamais sa proie !


(2 décembre 2022 — 3 — 16h01)


*


Une pause n’en est pas une.

Juste un soupir posé sur la partition d’une longue journée.

La poésie s’en échappe comme volutes de brumes de l’herbe gelée.


Ici on inaugure en bouquet d’artifice les « illuminations ».

On perd le symbole des choses dans une débauche de consommation.

On est sommé de consommer, d’ajouter une planète de plus à notre dépassement.


Je reviens entre deux à Edgar Morin.

Je n’ai pas d’explication à donner mais je puise en sa méthode de quoi réfléchir, quitte à me perdre dans les méandres informationnels du vivant.


Mes mains qui se posent au fil des jours sur tant de vies en souffrance, puisent au creuset du mystère un flot d’interrogations.

Je demeure chaque jour dans cette marée qui monte, puis me laisse sur le sable du crépuscule, épuisé mais si intrigué de ce que j’ai senti que le sommeil d’après en reste électrisé.


C’est peut-être cette mise en abîme devant l’insondable de la vie qui m’empêche de m’écrouler sous le poids des années accumulées.


(2 décembre 2022 - 4 - 19h06)


Xavier Lainé


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