jeudi 30 juin 2022

Sur un fil 16

 




C’est l’heure où tout va de travers.

Jusqu’au café qui se renverse sur ta table de travail, maculant tout.

C’est l’heure où tu te dis qu’il serait bon de pouvoir prendre le temps.

Mais ce temps là n’est pas fait pour toi.

Tu n’en as pas les moyens.


C’est l’heure où tu regardes les fils qui passent devant ta fenêtre.

Tu voudrais les suivre et partir faire belles rencontres.

Seuls les moineaux nichés dans la génoise peuvent s’y percher.

Ils te narguent, jettent un oeil dans ton enfer de livres et de papiers.

Te regardent te débattre à essuyer la mare de café répandue.

C’est une heure juste avant canicule.

Et tout le monde semble s’en foutre.


C’est l’heure où tu prends décision d’annuler tes temps de repos.

D’ouvrir ta porte à plus atteints que toi par la gangrène du système.

L’heure si proche qui rendrait possible de soulever le couvercle posé.

Tant d’années à ne plus rien espérer que tu n’oses croire.

Comme beaucoup.

Comme la plupart.

Nous avons tant été trompés, roulés dans la farine des beaux discours.

Nous avons tant vu misères et souffrances s’emparer de tous.


C’est l’heure où pourtant tu voudrais espérer encore.

Pas pour toi, ou pas que.

Mais pour celle qui est partie avec ses peines.

Pour tous ceux qui sont allés jusqu’au bout du désespoir.

C’est pour eux, à leur mémoire, qu’un peu d’humanité serait bienvenue.


Pour l’heure tu abordes le jour,

Le coeur serré d’avoir trop vécu.


Xavier Lainé


16 juin 2022


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