dimanche 17 juillet 2022

Comme le lierre 2









« À l’opposé du mythe de l’inventeur génial — un homme, évidemment — concrétisant sa vision tout seul dans son coin, les sociétés néolithiques ont exploité un socle collectif de connaissances accumulées pendant des siècles, essentiellement par des femmes, pour réaliser une série continue de découvertes en apparence modestes, mais fondamentales. » David Graeber & David Wengrow, Au commencement était... Une nouvelle histoire de l'humanité, éditions Les Liens qui Libèrent, 2021


Je ne suis dépositaire d’aucune propriété.

Les connaissances  me sont confiées pour être transmises.

Non pour demeurer dans l’intime conviction d’en être « l’inventeur ».

Je n’invente rien.

Je développe des mots et des pensées qui vont à leur rythme.

Qui parfois m’envahissent et me préoccupent.

Que je mette un nom en bas de la page n’a au fond guère de sens.

Je n’ai fait qu’ajouter une page au grand livre qui s’écrit de générations en générations.


L’écriture est un peu comme les sédiments au fond des lacs et des rivières.

Chaque flot d’humanité dépose son obole.

Parfois un vent de révolte emporte tout sur son passage.

Ne laisse sur la rive que quelques mots fossilisés.

Il faut alors se faire archéologue du vocabulaire pour en décrypter le sens perdu.

Mais ils demeurent à l’abri, dans des jarres de mer morte.

Ils restent gravés en tablettes d’argile déposées dans des caves oubliées.


Mon addiction au livre vient m’imprégner de cette mémoire millénaire.

Avant même que l’écriture existe la parole se donnait au coin du feu.

Il fallait la saisir au vol, en mémoriser le rythme puis en transmettre le ruisseau.


Xavier Lainé


3 juillet 2022


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