mardi 19 juillet 2022

Comme le lierre 5

 




« Jeune, l’un se donnait pour mission d’être le vengeur des mondes incréés, de donner l’existence à cela qui n’existe pas. L’autre s’assignait la mission de fonder ex nihilo des unions qui s’appuyaient sur des revendications d’indépendance. L’un voulait être l’indocile ouvrier des mots. L’autre rêvait de faire la révolution. » Linda Lê, De personne je ne fus le contemporain, éditions Stock, 2022


Des rencontres improbables jaillissent tant de ferments.

Les mots sont plantés dans les couches profondes de l’humanité.

Il faut en tourner et retourner la terre pour que germent les poèmes.


Ce que raconte Linda.

Ce moment Mandelstam en futur exilé, tombant sous le couperet des idées forcenées.

Force nées.

Nées comme néant qui nous attendait pour longtemps.

Mais il était de bon ton de n’en rien voir.

De bon ton de considérer un mal unilatéralement déposé.

De ce côté ou de l’autre d’un « rideau de fer ».

En quelle idée du monde avons nous grandi ?


Ce que raconte Linda.

Ce moment Ho, soulevant son peuple à bout de poème.

Ce moment Ho, et d’occident français convaincu d’être « la civilisation ».

Ce moment Ho, qui s’efface ensuite.

Car la poème a cette brièveté.

Aussi vite il brille aussi vite disparaît des mémoires.

Parfois il se trouve posé sur son piédestal.

Par ceux qui déportaient Mandelstam.


Des rencontres improbables jaillissent aussi les monstres.

Dès lors qu’on les laisse grandir et prospérer sur nos territoires de fatigue.


Xavier Lainé


5 juillet 2022


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