Mon bel oiseau multicolore
Mon observateur attentif des habitudes humaines
Semble s’éloigner chaque jour un peu plus
Il m’a laissé sa plume entre les mains
Mais je suis gourd à la manier en son absence
Je ne peux qu’accrocher aux branches du marronnier d’en face
Mes rêves qui seuls savent le rejoindre
L’entendre et comprendre son langage
J’ai peine à quitter le territoire ouvert de ses mots
Ouvert sur nos maux qui comme glu nous collent à la peau
J’ai cru voir mon oiseau lui-même englué
D’une marée noire soudaine dans des orages apocalyptiques
Des coulées de boue en emportait le souvenir
Et moi je restais sur la rive un peu abasourdi
De voir arriver à grand fracas ce qui était si prévisible
D’un peu partout ce que mon bel oiseau multicolore avait senti
Montait les sourdes plaintes des opprimés blessés
On ne pouvait désormais plus être sûr de rien
Tant les obscurs au pouvoir savaient manipuler leurs technologies
En les détournant à des fins nauséabondes et assassines
Eux qui stigmatisaient comme terroriste leurs opposants
Se mettaient à leur tour à user et abuser de leurs pouvoirs criminels
Tuant à l’aveugle toute vie autour de leur camp retranché
Mon oiseau s’est tu devant l’horreur absolue
Dont mes congénères se rendirent capables
Je l’écris au passé car c’était hier que notre monde a basculé
Dans le vide abyssal de sa non-humanité
Xavier Lainé
20 septembre 2024
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