lundi 19 février 2024

Les années passent ! 27

 




Je te disais sérénité

Mot étrange en ma bouche

Si souvent révoltée


Je te disais sérénité

C’était vrai et faux en même temps

On a toujours de ces moments

Qui y ressemblent

Mais si éphémères instants

Qu’on voudrait les amarrer

Au port d’attache de l’avenir


Je te disais sérénité

Mot étrange en ma bouche

Si souvent révoltée


Je te disais sérénité

Mais peut-être les lettres

S’étaient mélangées

Pour dire un mot plutôt qu’un autre

Sérénité vaut bien sévérité

Et j’oscille si souvent entre les deux

Que c’en est à donner le tournis


Je te disais sérénité

Mot étrange en ma bouche

Si souvent révoltée


J’ouvrais grand mes bras

Tu venais t’y blottir en silence

La sérénité y venait avec toi


*


Je ne suis pas poète

À regarder le spectacle de la poésie

Je ne me sens pas de ce monde là


Si je l’étais

Ce serait pour être au monde

Naître au monde

Le regarder droit dans les yeux

L’engueuler un bon coup

Quand je le sentirai parti

Sur la mauvaise pente

Glissante  de nos plus vils penchants


Je ne suis pas poète

Que m’importe au fond

Qu’un système fascisant

Nomme pour présider

Aux festivités annuelles

Quelqu’un qui lui ressemble

Si je devais être poète

Ma poésie serait dans les rues

Battrait les campagnes

Comme le fit avant elle

La poésie de Queneau


Je ne suis pas poète

Je ne tourne pas 

Autour de mon nombril

En le trouvant sublime

Je ne montre pas mon cul

Je ne chante pas des chansons triviales

Qui amusent les bourgeois

En mal de sensations fortes


Il se trouve que je ne suis pas de ce monde

Où être poète c’est être invité

Au sinistère de l’inculture

Pour dire ses vers nus

Pour proclamer sa parole reconnue

Je ne suis donc pas poète

Si certains me disent ainsi

Je ne comprends pas de quoi ils parlent

Je me contente d’être au monde

Pour le regarder droit dans les yeux

Et décrire ses rouages secrets

Ceux que personne ne nomme 

Ni regarde surtout s’ils sont poètes


Que m’importe le printemps

Du moment que j’ai l’hiver

Et puis l’été et puis l’automne

Pour coucher mes mots comme ils viennent

Sur le papier glacé d’effroi

Où ma vie oscille entre désir et réalité

Mes mots ne plaisent pas aux bourgeois

Quelle que soit leur opinion

Les bourgeois snobent mes mots

Je ne leur en veux pas

Je ne suis pas de leur monde

Je ne parlerai pas de mon cul

Pour qu’ils parlent de moi

Ce moi exécrable qui n’est pas poète

Juste jongleur de mots

Sur des pages de colère



Xavier Lainé

27 janvier 2024


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