Un soleil froid traverse les vitres de poussière
Un instant j’ai cru possible de vivre
D’aller au-delà du possible
Explorer des continents de mots
Jusqu’ici inexploré
C’est dimanche
Certains attendent ce jour là
Comme un jour de repos
D’autres ne cessent de soupirer
Devant l’ampleur des tâches
Laissées en jachère
Qu’il faut bien accomplir
Avant de reprendre
Le chemin du labeur
Ici ou là on se lamente
On geint au premier accroc
Que le monde parte à la dérive
Ne change rien
On est penché sur soi-même
Et on tourne
*
Vingt sept mille hommes femmes et enfants
Sont morts sous les décombres de Gaza
C’est un nombre incertain
Puisqu’aucun témoin n’est accepté
La vie s’écrit en larmes de sang
*
Vingt sept mille hommes femmes et enfants
Sont morts sous les bombes
Et les poètes s’inquiètent qu’un apparatchik
De droite extrême parraine leurs cérémonies
Vingt sept mille hommes femmes et enfants
Sont morts pris au piège de leurs soit-disant représentants
Et tant d’autres dont le nombre est inconnu
Sous les décombres et la poésie officielle n’en dit mot
Vingt sept mille hommes femmes et enfants
Les regards vont ailleurs on s’affaire à ses petits mots
À ses petits soucis ses petits tracas de poètes
On montre du doigt le fasciste en service commandé
On ne regarde pas ce qui relève du fascisme dans nos indifférences
Dans nos choix d’écriture qui ne disent rien de l’état du monde
Car le fascisme commence là
Quand les voix des victimes deviennent inaudible
Que les mots se taisent comme linceuls posés
Sur les cadavres encore fumants
Le fascisme commence là
Lorsque toute parole contraire ne trouve plus havre
Où se déposer pour être lue et entendue
Lorsque toute forme d’opposition
Est criminalisée car contraire aux intérêts des serviles
Que le monde de la poésie ne se préoccupe que de son entre-soi
En relève tout autant
Et tant pis si ma parole est honnie
Xavier Lainé
4 février 2024
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