C’est l’heure
Celle où les bouches s’ouvrent
Où les plumes trempées dans l’encrier
Les doigts pleins d’encre
Tissent leurs mots et dénoncent
C’est une étrange pratique
La dénonciation
Elle permet à celui qui dénonce
De se refaire une morale
En disant après coups
Ce qu’il aurait pu combattre
Sur le moment
Mais sur le moment
Ha la belle confusion
Semée de main de maître
Par pervers garanti cent pour cent au pouvoir
Pouvoir de décider en méconnaissance des choses
Pouvoir de vie et de mort sociale
Sans état d’âme ni remords
On peut toujours dénoncer après coup les forfaitures
Ceux qui furent blessés et délaissés
Stigmatisés et meurtris au plus intime de leur vie
Qui durent plier sous le joug ou se démettre sans filet
N’ont rien à pardonner
Leur métier fut souillé et leur âme assassinée
Mais le triste pouvoir est resté là
Droit dans ses bottes de pernicieuse suffisance
C’est l’heure où les bouches s’ouvrent
Les petits compromis et les accointances financières
Affleurent enfin et trahissent
Ce qui fut de honte et de mépris
Voisin dénonçant son voisin
Soupçon généralisé et mort sociale assurée
Les bouches peuvent toujours s’ouvrir
Qui hier se taisaient par peur d’y passer à leur tour
Pleutres citoyens qu’un minuscule virus poussaient à la délation
Pleutres responsables jetant l’opprobre sur gens honnêtes
Car c’est honnêteté que de ne pas tout avaler comme vérité
C’est honnêteté que de garder l’esprit libre et critique
Quand tout le monde marche au pas cadencé des soumissions
Les bouches s’ouvrent
Les plumes se trempent dans l’encrier
Les doigts pleins d’encre montrent les tâches indélébiles
Que je sois des morigénés d’hier m’ouvre les yeux
Sur cette hypocrisie qui domine le monde
Un monde que les contraintes d’hier me poussent à quitter
Pour ne surtout pas ressembler à ceux qui criaient
Avec les fauves de la soumission
Au délit de complotisme
Quand il s’agissait de réfléchir et de penser
Pour conserver au moins
Un minimum de dignité
Xavier Lainé
1er février 2024
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire