jeudi 12 janvier 2023

Poéthique (une déambulation) 25

 



Photographie : Xavier Lainé - Le poème déchiré - 2012



La bêtise aux commandes prend la parole.

Elle revendique la parole.

Elle la monopolise.


La bêtise aux commandes sait tout mieux que tous.

Alors elle pérore et se vante.

Elle gonfle le torse et parade.


La bêtise aux commandes revêt l’uniforme d’un général.

Elle marche au pas cadencé d’une histoire périmée.

Elle ne connaît que rythme à deux temps.


La bêtise aux commandes cause toujours et ne se tait jamais.

Elle s’insinue dans les esprits.

Elle les pervertit et les détourne.


La bêtise trouve toujours micro devant ses lèvres suffisantes.

La boursouflure est son univers.

Son monde est tissé d’ignorance crasse.


(24 décembre 2022 — 1 — 8h30)


*


On peut toujours souhaiter mille lumières, un once d’humanité, est-il possible d’y croire quand ce qui compte, c’est le défilé du commerce et la fausse réjouissance ?

24 décembre, je n’y arrive pas.

Je n’arrive pas à me réjouir.

Mes pensées vont à ceux qui hantent les rues de la misère.

Mes pensées vont aux kurdes assassinés hier, à tous les assassinés de la terre, assassinés pour être qui ils sont, donc différents des « normes  imposées ».

Mes pensées vont aux noyés de toutes nations et aux justes qui leur tendent la main.

Mes pensées vont à ceux qui perdent leur travail, qui se demandent à quoi rime le leur, une fois serrés les cordons d’une bourse toujours plus plate.

Je n’arrive pas à me réjouir devant l’iniquité d’un monde où règne l’injustice et le mépris.

D’un monde dont les dirigeants viendront avec le sourire souhaiter leurs voeux qui ne seront que mensonges et hypocrisies de moins en moins bien cachés.

Je n’y arrive pas.

J’ai beau tenter de m’en persuader, je n’y arrive pas.


(24 décembre 2022 — 2 — 10h35)


*


On me dira rabat-joie.

On criera au déserteur devant les petites joies de la vie.

On me dira.


Moi je vous regarderai.

Certes, enfants, je vois vos yeux briller.

Les miens ont perdu leur flamme depuis si longtemps.

Depuis si longtemps que je ne puis rien oublier.


Ni des chemins creux, ni des chausses-trappes.

Ni des larmes versées un peu partout qui brillent devant la flamme de mes bougies.

Je tente de surnager.

Je suis d’accord, il ne faut pas tout arrêter devant cette marée.

Mais, au risque de plomber l’ambiance, voilà, je ne puis oublier.


Je pense aux vies gâchées, aux vies parties.

J’y pense malgré tous mes efforts, je vous jure.


Je ne dirai rien de plus, en cette fête un peu attristée.


(24 décembre 2022 — 3 — 19h37)


Xavier Lainé


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire