dimanche 29 janvier 2023

Α-σώματος/In-corporel ? 11

 



XL-In-corporel-Fusain/2001


Je ne sais pas si je vais pouvoir.

Si j’ai même un pouvoir quelconque.

Je ne sais pas.

Je tente, c’est tout.

Sans l’embryon d’une certitude de posséder le moindre savoir ou pouvoir.

Je tente.

Et puis chaque jour je recommence.

Ça ne s’arrêtera sans doute jamais.

Sauf au terme du contrat avec la vie.

Puisqu’il en est ainsi.

On se réveille contre la sombre perspective.

Retraite à soixante quatre ans !

Pourquoi soixante quatre plutôt que soixante cinq ou soixante trois ?

Je vous demande un peu.

Hein ?

Je vous demande.

On se réveille mais bien longtemps qu’il en était ainsi.

Pour certains.

Pas pour tous.

Mais les « certains » n’étant pas nombreux, qui s’en soucie ?

Sauf que ça prépare le terrain.

Insidieusement ça le prépare.

C’est ça la « bonne gouvernance ».

Libérale c’est entendu.

Celle promue dans les officines de manipulation des « masses » de l’OCDE.

On en parle jamais de celle là, vous avez remarqué ?

On n’en parle jamais.

Et pour cause : c’est la matière grise d’un monde où la logique de la domination de tous contre tous est à son comble.

Logique d’un système dont on ne parle que très peu.

Il a un nom, mais c’est un peu comme dans Harry Potter, on ne doit pas le dire à haute voix.

Alors je l’écris : SYSTEME CAPITALISTE.

Là, au moins c’est écrit.

Sa logique c’est celle-là : chacun dressé contre tous et tous contre chacun.

Une logique d’inhumanité, mais faut pas le dire.

Faut pas dire la philosophie de cet immonde qui nous jette hors nature.

Qui défait notre nature avec celle dont nous sommes.

Faut pas dire.

Faudrait même pas penser à.


Je ne sais pas si je vais pouvoir.

Je ne lutte pas à armes égales.

D’un côté le système sus-nommé qui vous broie.

De l’autre mes mains qui se demandent bien.

Qui se demandent bien comment vous faire sentir l’objet de vos errances et souffrances.


Je ne sais pas.


(11 janvier 2023 — 1 — 8h13)


*


Mais tout ça est fort peu poétique, direz-vous !

Vous avez sans doute raison.


Mais pour ce qui me concerne, si écrire de la poésie c’est écrire pour ne rien dire, je ne sais pas faire.

Je ne suis pas prêt, plus prêt !


En fait c’est faux : je sais faire.

Mais je ne peux pas vivre hors du monde dont vous m’apportez la preuve quotidienne.

Ce monde qui broie, use, abuse.

Ce monde qui vous laisse en larme sur ma table.

Qui fait trembler mes mains tant elles ont si peu de pouvoir.

Ce monde qui me met chaque jour devant mon impuissance à en changer.


Vous avez raison : tout ça est fort peu poétique.

À moins que, justement, vivre en poète c’est puiser votre souffle court, vos échines courbées, vos douleurs et vos maux et les écrire en rouge.


MA POESIE S’ECRIT A L’ENCRE ROUGE, PLUME TREMPEE DANS LE SANG VERSE.


(11 janvier 2023 — 2 — 9h06)


Xavier Lainé


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