Que dire ?
Sinon la nuit mauvaise.
Interminablement mauvaise.
Ponctuée des nouvelles d’un fils qui ne trouve aucun universitaire pour l’épauler dans ses recherches et envisage de quitter le pays.
Ponctuée de vos cris, pétards, voitures tonitruantes sur les sombres avenues.
Vous n’avez rien gagné.
Tandis que vous vous étendiez partout en une liesse sans bornes (!!!!), par derrière un monarque sans état d’âme détricote vos vies.
Mais là, silence radio : seriez vous mûrs pour l’indigne soumission au pire ?
Aviez-vous seulement, hurlant dans les rues, une pensée un tant soit peu émue pour les, il semble, six mille cinq cent morts (6500) pour votre réjouissance ?
Alors, voilà : vous m’avez gâché la nuit, comme votre apathie devant la dégradation quotidienne de l’humain me mine depuis longtemps.
Vos cris et votre joie dans la nuit étaient insupportables.
Je vous aurais aimé, criant votre indignation devant la ruine économique et sociale endurée, devant l’ignominie d’un élu usant et abusant de son pouvoir pour vous prétendre « riens ».
J’aurais aimé, mais vous n’étiez pas là pour défendre votre santé, votre salaire, vos retraites futures.
Vous n’étiez pas là pour sauver vos frères migrants.
Vous n’étiez pas là.
Et la nuit ne cesse devant votre irresponsabilité de se faire plus profonde.
Et mon sommeil plus fragile.
(15 décembre 2022 — 1 — 8h46)
*
Dans quel pays vivons-nous ?
De quel esprit parlons-nous ?
Y aurait-il encore une chance de sauver quelque chose d’humain ?
A chaque question, comme à chaque pensée, un clou.
Un clou planté au marteau de l’âme.
Puis un fil tendu de clou en clou pour tenter de relier ce qui semble se séparer toujours plus.
Ce qui ouvre des gouffres béants sous nos pas encore hésitants de bipèdes pas tout à fait accomplis.
Chaque jour, presque chaque heure devient dard planté avec son venin dans la soif de vivre.
(15 décembre 2022 — 2 — 9h07)
*
Louvoyer entre les vagues de fatigue
Pour ne pas tomber
Ne pas sombrer
Tenir encore
Mieux vaudrait pas
Mais pas moyen
Savez-vous
Pas moyen
Entre fatigue et cauchemar qui l’alimente
Pas trop le choix
Soigner aujourd’hui
C’est jouer sur la corde raide de l’épuisement
Alors
Quand au crépuscule vous déambulez
Vociférant et klaxonnant
Vous en ajoutez une couche
Combien serons-nous à tenir encore
Demain ou après-demain
Nul ne sait
Vous allez droit dans le mur
Vous hurlez votre joie
Un triste pitre présidentiel
S’égosille avec vous
Hier vous étiez au balcon pour nous applaudir
Demain devant nos portes closes
Vous n’aurez que vos larmes
(15 décembre 2022 — 3 — 15h32)
Xavier Lainé
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire