mercredi 3 novembre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 30

 



Le baiser - Théodore Géricault



C’est un cheval qui aura eu ta peau.

Ou plus exactement qui aura révélé le mal qui te rongeait de l’intérieur.

Comment ne pas se ronger dans autant de précarité, d’incertitudes, de désarrois.

Jeune on y croit, en l’humanité : « on croit en l’homme, cette ordure » !

On y croit et puis lentement, le doute s’installe, distillé par les abus de pouvoir, les contraintes lisibles dans les corps courbés des femmes et hommes du peuple.

Aurais-tu été blessé devant cette inhumanité de ton temps.


C’est un cheval qui eu ta peau.

Mais le mal couvait qui rongeait déjà tes os, humiliait ta chair.

Bien sur les amis : Horace, Eugène, ceux qui t’admirent regardent atterrés le glissement de ton être de vie à trépas.

C’est la chute.

La chute d’une histoire qui laissera un fils orphelin pour de bon.

L’échec qui pointe partout en système qui ne sait que corrompre.

L’artiste y laisse sa peau, à moins d’accepter des compromis indignes.

On ne meurt pas vieux lorsqu’on rêve.

On s’échoue sur les récifs du monde.

On ne sait que s’affaisser lorsque tout contribue à la honte d’être encore humain ou de tenter de l’être.


Un cheval qui se cabre, et c’est la chute, le naufrage d’une vie déjà meurtrie d’avoir été.

La tuberculose était là qui rongeait déjà tes vertèbres.

Il ne restera que souffrance jusqu’à ton dernier souffle.

C’est Eugène qui recueille ton dernier souffle poétique.

C’est lui qui considère déjà ton oeuvre pour exemplaire et qui tiendra le flambeau.


Xavier Lainé


30 juillet 2021


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