lundi 1 novembre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 29

 



Le baiser - Théodore Géricault


Nous approchons de la fin de mon voyage imaginaire parmi tes oeuvres.

Tu dessines, tu ne cesses de dessiner comme moi je ne cesse d’écrire.

C’est pure folie que de laisser les doigts agir sur la toile, le papier.

Mais nous sommes à la fois témoins et acteurs d’un monde.

Alors il nous faut prendre le risque de peindre, d’écrire, pour simplement témoigner.

Sans préjuger de ce que deviennent les oeuvres une fois notre enveloppe charnelle disparue, les pages, les esquisses, les tableaux sont là.

Ils dressent la scène d’un théâtre où nous sommes « embarqués » (dirait plus tard Camus).

Nous ne pouvons nous défaire de cette responsabilité.

Nous sommes embarqués sur la frégate vers une destination inconnue.

Dans les cales des esclaves noirs geignent tandis qu’on s’entretue à l’entrepont pour savoir qui du roi ou de l’empereur pourrait remporter la mise.


Nous approchons du terme.

Nulle côte encore à l’horizon, mais parmi tes amis on complote sec.

On complote, on cherche à faire descendre la royauté comme l’empire à la prochaine gare.

On est dénoncé, traduit en justice, mais un groupe complotiste en cache un autre qui complote à son tour.

Faute de révolution, on se contente de fomenter mais pas très doués pour la clandestinité, on se fait prendre.

Les gens de pouvoir, eux, savent, ils ont leurs zélés serviteurs qui sont payés pour déjouer les complots.

Eux, bien sur, ne complotent jamais, ils se contentent d’assoir leur pouvoir et d’en engranger les bénéfices.

Eux et leurs soutiens, ces bons bourgeois ventripotents qui spéculent sur l’industrie débutante de ton époque.


Xavier Lainé


29 juillet 2021


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