lundi 6 septembre 2021

Plier mais ne pas rompre 5

 



Edward Munch - Le cri



Mes mains s’agitent sur le clavier des mots.

Mes mains quittent celui des douleurs.

Il me faut le temps, celui refusé dans le monde du toujours plus.

Il me faut trouver les mots qui soignent aussi bien que mes mains.

Petits mots hésitants dans un matin d’automne.


Mes mains s’agitent et le jour se fait tendre.

Tant d’amour dans la foule bigarrée qui avance.

Bien sur, je peux me tromper.

Tout n’est pas si clair qu’il n’y paraît.

Ce qui se cache derrière le bouclier de l’apartheid imposé.

Tant de prisons volontaires ouvertes depuis si longtemps.

Chacun cloisonné dans ses certitudes.

Chacun pleurant ses rêves perdus quand il y en avait encore.


Nos rêves depuis si longtemps furent enfermés.

J’ai connu ce temps de toutes utopies.

J’ai connu l’adolescence rebelle qui déterrait les pavés.

J’ai connu l’espoir qui se faisait étendard avant d’être laborieusement déçu.


Je ne crierai jamais assez l’ampleur de nos défaites.

Lorsque le rêve se traine entre gondoles des supercheries consommables.

Si nos rêves se cantonnent à loisir pour oublier le reste, 

Sont-ils encore ?


Je ne crierai jamais assez que nous n’avons plus le droit,

Au nom de notre petit confort de laisser le moindre d’entre nous

Plier sous le joug des amertumes et des faux-pas.

C’est devoir de ne plus en laisser un

Dans la marge du chemin d’humaine condition.

C’est devoir de prendre par la main les enfants brisés.


Xavier Lainé


5 septembre 2021 (2)


1 commentaire:

  1. Merci Xavier pour ce très beau texte, plein d'humanité. Avec mon amitié. Iris Sanvoisin

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