mercredi 29 septembre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 24





Le baiser - Théodore Géricault


Source photographique




Je reviens au début.

Au temps des apprentissages, dans l’atelier de Carle Vernet, père d’Horace qui restera ami jusqu’au dernier souffle.

Je regarde le portrait qu’il en dresse entre 1822 et 1823.

Théodore a cette lumière dans le visage, cette flamme qui le brûle.

Son regard se perd comme s’il voyait par-delà de toutes choses, sondant des mondes perceptibles à sa seule imagination.

Il porte un ruban étrange, une blouse de peintre noire ouverte sur un col immaculé.

Une jeune barbe donne à son visage une ombre de sérieux.

Ses lèvres serrées retiennent un sourire à peine esquissé.

Entre ses sourcils, l’ombre d’une ride vient trahir son souci de devoir vivre avec cette flamme qui le brûle.

Quelque chose vient du dedans qui transpire bien au-delà de ses seuls traits.


Horace Vernet, l’ami de toujours ne livrera pas d’autre portrait de l’homme à la vie brève.

Dans ce visage qui nous contemple, si longtemps après sa disparition, se cache à peine ce qui changera, en période de transition, toute les tendances de l’art.

On entre de plein pied en période de tourments.

Les âmes chavirent ne sachant vers où diriger leurs rêves.

Il ne restera bientôt, dans la classification bourgeoise de l’art (la bourgeoisie rationnelle adore classer et numéroter ce qu’elle ne perçoit pas), qu’un mot : romantisme.

Qui du monde vacillant où surviennent les oeuvres et des oeuvres elles-mêmes contemple l’autre ?

Quelque chose nait avec Théodore qui déjà, tirant leçon du passé, inviterait à sortir l’art des musées.


Xavier Lainé


25 juillet 2021 (2)


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