mardi 7 septembre 2021

Plier mais ne pas rompre 6

 



Edward Munch - Le cri


C’est devoir de n’en plus laisser un en marge de vie décente,

Prendre par la main les plus fragiles et les emporter de victoire en victoire.

Ouvrir les vannes d’une contestation bien plus profonde 

D’ouvrir celles de la lucidité : si nous allons mal,

Si nous sortons mutilés dans notre avenir au nom d’illusoires sécurités, 

Tandis qu’une poignée se repait aux cordons de leur bourse,

Il est temps de regarder que c’est logique de système dominant,

Où ceux qui possèdent méprisent ceux qui rament à survivre.


Que les riens te saluent, toi le nanti réfugié en souverain mépris.

Que les riens te remercient de leur avoir ouvert les yeux :

Tu es l’essence même du monde qui te protège.

Tu es la révélation d’un immonde qui ne sait qu’indignes violences.


Je lève ma plume aux riens qui se rencontrent et marchent ensemble.

Quelque chose monte qui nous engage dans la parole retrouvée.

Si longtemps avant de nous masquer, ils nous avaient muselés.

Nous étions là, las, isolés les uns des autres, pleurant sur nos rêves déchus.


Nous sommes là et j’entends.

J’entends ces voix d’enfants qui réclament justice et liberté.

Pour eux et leurs parents.

J’entends pleurs de femme qui tente de ne pas trop les montrer.

Au milieu de la foule on peut encore faire semblant.


Je vois les yeux rougis devant tout petit geste d’humanité.

On se prend dans les bras, on s’étreint, on s’enlace.

Ce n’est rien et c’est tout.

C’est juste un moment comme ça parmi la foule qui enfle.

Comme torrent elle monte en puissance.

Ce sont voix et larmes mêlées qui demandent de vivre.


Xavier Lainé


5 septembre 2021 (3)


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