lundi 13 septembre 2021

Les portes de l’enfer vous seront ouvertes

 




« Le pouvoir est d'infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer l'esprit humain en morceaux que l'on rassemble ensuite sous de nouvelles formes que l'on a choisies. » Georges Orwell


C’était si vibrant appel au secours du syndicat Alizé, syndicat des kinésithérapeutes, à peine sorti de l’oeuf et déjà dans le rang : « Venez nous aider à défendre les kinésithérapeutes dans votre département ! Il nous manque encore quelques kinésithérapeutes pour compléter notre présence en Commission Paritaire Départementale !! »

Avec plus loin leur seul souci : «  La problématique actuelle concernant la demande de remboursement du DIPA qui a surpris la profession ces derniers jours montre l'importance de siéger dans ces commissions pour pouvoir faire remonter les dysfonctionnement observés sur le terrain. »

On croit rêver, à quelques jours de l’application d’une loi qui interdit aux kinésithérapeutes de continuer à exercer s’ils ne sont pas vaccinés !

Alors, je me fend d’un mail resté à ce jour sans réponse, bien évidemment :

« Chers collègues, 

J’espère que votre mail doit être pris comme une plaisanterie !

Dans quatre jours, combien de kinésithérapeutes seront interdits d’exercer pour avoir commis la grave faute professionnelle de n’avoir pas plié à la coercition vaccinale ?

Combien seront radiés définitivement le 15 octobre par un ordre plus prompt à répondre aux désiderata d’un gouvernement catastrophique qu’à défendre la profession qu’il déshonore ?

Et vous faites comme si de rien n’était ? Vous faites comme s’il n’y avait pas de problème en regardant ailleurs ?


Qui donc s’amuse à dénoncer les professionnels non vaccinés au mépris du secret médical ?

Qui transmet les données médicales des praticiens à l’ARS aux fins d’interdiction d’exercer sinon cet employeur déguisé qui ose encore se nommer « Assurance maladie » ?

Ont-ils un instant songé à appliquer les règles de protection des données auxquelles ils sont liés (voir les déclarations de la CNIL), en informant à tout le moins les praticiens concernés avant leur démarche criminelle ?

Les conventions qui nous lient à l’assurance maladie stipulent-elles l’obligation vaccinale ? (Mais peut-être avez-vous négocié une telle vilenie ?)

Combien serons nous, dans quatre jours, à voir nos existences basculer définitivement sans que ni l’ordre, ni vous, syndicats, n’aurez rien dit pour au moins timidement nous défendre ?

J’ai lu attentivement votre document laborieux en faveur de la vaccination : un problème, vous avez omis de lire la décision d’homologation de l’assemblée européenne qui délivre une autorisation provisoire et à ce titre explique que l’obligation vaccinale ne peut être rendue obligatoire.

Vous prétendez défendre qui ?

Voilà que je regrette amèrement vous avoir versé mon obole, vous avoir soutenus pour être représentatifs.

Représentatifs de qui, sinon de vous-mêmes qui trouvez le moyen de vous satisfaire des derniers résultats d’élections professionnelles où seulement un quart de la profession a participé : ça ne vous pose aucune question ?


Et il faudrait encore que nous allions siéger dans des commissions paritaires avec une institution qui ne cesse de nous tirer dans le dos ?

J’aurais plutôt tendance à chercher le moyen de continuer à rendre service à mes patients sans eux, d’inventer les modes de solidarité sans ces administratifs sans esprits qui ne cessent de nous gêner dans notre pratique quotidienne.


Bien sur, j’imagine et espère ne pas être le seul à pousser mon coup de gueule. Je connais pas mal de praticien qui se débrouillent seuls face à cette volonté honteuse de contrôle et de mise à mal de tout le tissus sanitaire du pays.

Je vous imagine aussi « étudier » les réponses mielleuses à un problème majeur pour le pays : ainsi, je ne vous ai pas entendu élever la moindre protestation contre le pass-sanitaire, qui est une mesure de discrimnation comme jamais un gouvernement depuis Vichy n’avait osé la mettre en place.

Vous faites comme si tout était « normal », vous regardez ailleurs.

La prochaine étape de votre représentativité, ce sera quoi ? De négocier le poids des chaines s’ils rétablissent l’esclavage ?


Je ne renouvellerai donc plus jamais mon adhésion à votre syndicat, ni aux autres d’ailleurs. Nous apprenons à nous organiser, localement, entre praticiens libéraux victimes de vos aveuglements.

Et, bien entendu, je me réserve le droit de rendre public le contenu de ce mail.


Si je suis le seul à vous dire votre fait, c’est que les autres sont trop sidérés par les mesures iniques mises en place pour le faire.

Je n’attends plus rien de votre représentativité.


Confraternellement (mais de quelle confraternité pourrions nous encore parler ?)


Xavier Lainé

Qui fut l’un de vos premiers élus à l’URPS Kiné PACA. »


J’ai ensuite reçu un mail de la FFMKR (Fédération Française des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs) pour qui le seul souci était que les praticiens la rejoignent dans son « combat » pour la « défense » de la profession (sic).

J’aurais aimé leur envoyer copie du mail déjà envoyé à Alizé, mais il était impossible de répondre, donc j’ai abandonné.


Je glisse sur l’horripilant Facebook : j’y vois Caroline Fiat, députée insoumise qui affiche une blague de carabin sur les aide-soignantes, Mélenchon qui martelle la nécessité d’un « état d’urgence social », les communistes qui se félicitent d’avoir réussi la fête de L’Humanité en respectant les règles sanitaires imposées (resic), les sénateurs socialistes prôner au Sénat l’obligation vaccinale pour toute la population, la droite et l’extrême droite se frotter les mains de ce consensus tacite : le pass-sanitaire est rentré dans la norme, les menaces sur la frange irréductibles des soignants raisonnables qui tentent encore de crier leurs droits et libertés sont oubliées, comme sont oubliés les manifestants (bien évidemment présentés comme des salauds d’extrême droite).

Ils viendront tous se lamenter demain d’avoir un second tour de présidentielles entre le gallinacé et la dinde, les marrons s’étant abstenus massivement de voter au premier.

Quant aux médias : rien à dire circulez.


J’ouvre donc mon ordinateur de bon matin (4h30 comme d’habitude : les écrivains sont gens d’avant l’aube).

Mon logiciel de cabinet s’ouvre et que vois-je ? 

Il m’affiche mon interdiction d’exercer à partir du 15 septembre 2021 et la procédure à suivre . Mon propre logiciel publie cette injonction ordinale :

« A compter du 15 septembre, les masseurs-kinésithérapeutes ne peuvent plus exercer leur activité professionnelle s’ils ne sont pas vaccinés ou s’ils ne présentent pas l’un des documents susmentionnés. Ils leur est donc interdit de pratiquer tous les actes professionnels entrant dans leur champ de compétence prévus aux articles R. 4321-1à R. 4321-13 du code de la santé publique.

Les masseurs-kinésithérapeutes non vaccinés ne peuvent plus effectuer des actes conventionnés, non conventionnés, thérapeutiques et non thérapeutiques. Ils ne peuvent plus par ailleurs participer aux actions d’éducation, de prévention, de dépistage, de formation et d’encadrement qui concernent en particulier la formation initiale et continue des masseurs-kinésithérapeutes, la contribution à la formation d’autres professionnels, le développement de la recherche en rapport avec la masso-kinésithérapie et la pratique de la gymnastique hygiénique, d’entretien ou préventive. »

Nous y voilà.


Je reprends le code de déontologie, sur le site de l’Ordre et je lis. Je suis  heureux d’y découvrir que « le masseur-kinésithérapeute ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit. » (Article R. 4321-56)

Mais alors que faire si l’ordre lui-même aliène son « indépendance professionnelle » pour se soumettre à un gouvernement qui sacrifie la vie sociale de nombre de ses membres ?

Mais peut-être qu’à poser ces questions serai-je traduit devant le tribunal disciplinaire parce que « le masseur-kinésithérapeute s'abstient, même en dehors de l'exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci » ( Article R. 4321-79) ?

Mais si l’ordre lui-même en se vautrant sans sourciller et sans dire un mot dans l’application stricte de mesures liberticides déconsidère la profession qu’il est sensé défendre ?

Car, au-delà de la sempiternelle querelle autour des vaccins, en acceptant sans un mot l’application du pass-sanitaire et l’obligation vaccinale (illégale selon les textes de l’Assemblée Européenne, résolution 2361 selon laquelle il conviendra de « s’assurer que les citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n'est pas obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner, s'il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement. ») l’Ordre n’offre pas un avis éclairé à ses membres, ne cherche pas à connaître leur avis, applique sans autre forme de procès les textes gouvernementaux sans même un examen approfondi, justifié juridiquement.

Non, l’ordre prend et applique puis banni de ses rangs tout esprit critique (nous sommes bien dans le droit fil de ce, lors de sa création il posait dans le préambule de la première mouture de ce code, se glorifiant que les ordres furent une création de l’Etat français de Vichy).

C’est d’ailleurs ici les triomphe ou la revanche de cet Etat croupion prêt à tous les compromis avec l’occupant (aujourd’hui avec les oligarques du CAC 40).

Je vous passe les détails d’article rendus caducs, de fait : « La continuité des soins aux patients doit être assurée. » (Article R. 4321-92) ; « Les honoraires du masseur-kinésithérapeute sont déterminés avec tact et mesure » (Article R. 4321-99). Le premier ne semble pas poser de problème aux obscurs qui vont appliquer l’interdiction d’exercer : les patients n’auront qu’à chercher ailleurs des praticiens introuvables. Quant au second, belle lurette, à tout juste 20€ brut. La demi-heure de traitement, que « tact et mesure » sont largement oubliés.

Je garde le meilleur pour la fin : « Les masseurs-kinésithérapeutes entretiennent entre eux des rapports de bonne confraternité. » (Article R. 4321-99). 

Je le garde pour la fin et vous laisse juge de ce que l’ordre appelle confraternité lorsqu’il considère tout praticien opposé aux lignes gouvernementales depuis un silence abyssal : pas un mot en deux mois et. Demi de lutte et de manifestation. L’opposant est un phénomène ignoré dans la profession, puisque nous sommes tous « conformes » à ce que l’ordre, main dans la main avec un gouvernement liberticide, décide.


Il n’est pas dans mes habitudes de publier en avant-première les arguments qui vont accompagner ma signification à l’ordre de ma non vaccination à ce jour, de mon arrêt maladie jusqu’au 17 septembre pour le burn-out que cette situation Orwellienne ou Kafkaïenne aura provoqué, et donc, puisque je ne peux pas me permettre de finir lundi, lors de ma reprise d’activité sans le moindre revenu mais avec mes dettes sociales (au moins) à honorer, de mon intention d’obéir mais avec l’amer sentiment d’en finir avec une carrière, un métier qui n’aura cessé depuis quarante ans de se défigurer lui-même à travers ses représentants qui ne représentent qu’eux-mêmes (moins de 30% de la profession participe aux élections ordinales et professionnelles, mais ça « c’est la règle démocratique », qu’ils disent)


Xavier Lainé


14 septembre 2021


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