vendredi 24 septembre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 23

 


Le baiser - Théodore Géricault

Source photographique



Le radeau de la Méduse entre dans la légende.

La toile est exposée à Paris mais ne soulève que réprobation.

Elle passe par l’Angleterre où il semble que la bourgeoisie soit moins prude.

On regarde peut-être avec plus de lucidité la folie des hommes de l’autre côté du Channel.

Ici, on n’aime pas regarder la vérité crue en face.

On préfère se la voiler, cultiver des mythes, se raconter des histoires.

On en reste à la gloire pour ne pas voir l’ombre portée.

On s’en réfère aux grands hommes, refusant l’intrusion du commun dans le fil de l’histoire.


C’est tout ce que l’homme porte en lui d’erreur et d’horreur que le radeau dénonce.

Nous sommes là devant la réalité crue, d’humains qui se livrent aux pires outrages sous le coup de la faim, de la peur, de la mort.

Etrange résonance qui traverse les siècles et nous revient en pleine figure.

Théodore croit en perdre un instant la raison.

Il livre ses états d’âme au bon Docteur Etienne-Jean Georget qui le reçoit à l’hôpital.

C’est alors une belle galerie de folie que lui offre Théodore.

Folie qui passe par les regards et non par les outrances de physiques corrompus.

C’est dans la lumière des visages que la folie, la monomanie transparaît.

Nous voici devant des êtres ordinaires que ronge le mal mystérieux.

Nul ne peut sortir indemne de cette contemplation.

Nous portons tous en nous cette lumière qui peut, d’un instant à l’autre, nous faire basculer hors des chemins de la raison.

Or, Théodore vient en ce temps où la raison cherche son triomphe, niant par là-même toute faiblesse humaine.


Xavier Lainé


25 juillet 2021 (1)


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