samedi 24 septembre 2022

Je vous écris de très loin 9

 




De quoi parliez vous au crépuscule ?

Sinon du vôtre qu’il faut bien traverser, sans haltes ni repos.


De quoi parliez-vous sous vos cheveux blanchis ?

Sinon d’un horizon qui comme chacun sait ne fait que reculer.


Ainsi va l’époque prétendue moderne.

Ceux qui ont travaillé avec passion devront attendre le repos sans que jamais il n’arrive.

Et peut-être d’ailleurs ne le vivront-ils jamais, mourant avant que de voir « le bout de ce tunnel ».


Ils n’ont jamais connu la moindre abondance.

Ils n’ont jamais connu non plus la naïve insouciance.

Car de vie à trépas, ils n’auront fait que se mettre à l’oeuvre.

À l’oeuvre pour payer ce qu’ils doivent (qui ressemble à une liberté conditionnée) ;

À l’oeuvre pour maintenir en équilibre instable maisonnées qui ne leur en sont que rarement gré ;

À l’oeuvre pour autoriser leurs progénitures à tenter de viser plus haut qu’ils ne le firent, pour accéder à un confort qui toujours s’évanouit.


Bien évidemment qu’il y en a qui…

Bien évidemment qu’il y en a que…

Des qui voguent en yacht, de ports en ports, buvant rosés et champagnes en excellente et gracieuse compagnie.

Ils se montrent sans discrétion, ceux-là, sous l’objectif sans objectivité des « paparazzi ».

Ils font la une des « presses people »…

… qui ne diront rien des autres qui regardent l’horizon paisible de la vieillesse s’évanouir toujours.


Or, désormais, il n’y a plus d’horizon paisible, même pour la vieillesse.


Xavier Lainé


9 septembre 2022


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