mercredi 28 septembre 2022

Je vous écris de très loin 13

 




« Nous avons désacralisé la reconnaissance due au non-humain, en croyant sans doute, à tort, que cette ingratitude serait la marque due notre supériorité alors même qu’elle signe notre indignité. » Cynthia Fleury & Antoine Fenoglio, Ce qui ne peut être volé, Charte du Verstohlen, éditions Tracts Gallimard, 2022


Nous vivions dans une bulle de prétendue humanité.

Coupés de toutes racines nous reliant à la Terre et aux vivants.


J’ai devant les yeux le souvenir de ces tableaux de chasses.

Tuer plus qu’il n’en faut pour se nourrir.

Tuer tout ce qui bouge.

Tout ce qui est catalogué comme nuisible.

Faire un selfie devant le tas de cadavres.


Nous vivions dans cette bulle étroite.

Nous bâtissions des frontières, érigions des murs.

Nous fondions des « civilisations », des « pays », des « nations ».

C’était toujours moyen de nous situer « hors ».

Hors de nos semblables, vivants parmi les vivants.


C’était la porte ouverte aux crimes.

Ayant méprisé les non-humains, il nous restait à rabaisser certains parmi nous.

Certains pour leur couleur de peau.

Certains pour leur religion non conforme à nos canons occidentaux.

Certains parce que « primitifs » donc « sauvages » au regard de nos « civilités ».


J’ai dans les yeux le souvenir de ces tableaux de chasses.

Ici point de lions ou de panthères mais des humains.

Des humains noirs du Congo et d’ailleurs ; des humains « rouges » des Amériques ; des humains « jaunes » d’Asie.

J’ai dans les yeux tableaux de chasse et visages bouffis d’ignorance. 


Xavier Lainé


13 septembre 2022


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