vendredi 16 septembre 2022

Je vous écris de très loin 1

 




Il faudrait que je mette mon navire en cale sèche.

Que je reste devant la page blanche sans y inscrire le moindre mot.

Pour vous laisser la liberté d’y déposer les vôtres.


Les rentrées se succèdent dont on ne peut savoir de quoi elles sont faites.

Si peu sortent, mais tous, en jour et heure se doivent de « rentrer ».

Est-ce encore le terme puisqu’aucune sortie ne fut offerte ?

Etrange temps de fin d’abondance dont ne n’avons jamais connu le début.

La profusion demeure en des gondoles de super-marchés.

Elle y reste pour être jetée faute de trouver consommateur.


Nuées noires passent sans s’arrêter ni mettre un terme aux heures asséchées.

Ça roule, ça se démène, ça passe et repasse.

Faut bien vivre, à défaut de respirer.


D’été à automne, même pas certains que le glissement soit sensible.

Je reste devant ma page, m’interroge sur qui incriminer en cet effondrement.

On me dira peut-être qu’en parlant ainsi je dédouane les vrais responsables.

Sauraient-ils ne serait-ce qu’un moment se remettre en question ?


Ma page voudrait renouer avec la bienveillance d’une poésie tendre.

Ma page se tait, se couvre de graffitis qui ne savent où ils vont.

Symptôme de la désorientation générale.

Fatigue d’exister et d’écrire loin des prétentions littéraires.

Fatigue, insondable fatigue de vivre encore et de ne plus savoir retrouver le chemin de l’émerveillement, malgré les mots semés comme cailloux blancs tout au long du chemin.


Xavier Lainé


1er septembre 2022


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire