dimanche 18 septembre 2022

Je vous écris de très loin 3

 




Si je pouvais, je passerais mes journées en la compagnie des livres.

Ce serait comme un bain de jouvence, une mine, un puits de savoirs venu de la nuit des temps.

Depuis que l’humain a ouvert la bouche pour dire autre chose que des inepties.

C’est un fondement, une fondation, un dédale, un labyrinthe sans aucun Minotaure pour me dévorer à la fin.

Chaque mot dégusté, chaque pensée décortiquée, est comme un fil d’Ariane, mais quand je me retourne, mon aimée ne plonge pas dans les abîmes du Styx.

Elle est là, bien vivante.

Elle me prend par la main et m’entraîne toujours plus loin.

Car un livre en appelle un autre.

Je m’y ruine mais y puise une fortune sans limite.

Je vis dans l’opulence des livres.

Dans l’abondance des lettres, je suis le chemin escarpé d’un savoir qui n’en est pas un.

Car chaque pensée vient enrichir et contester la précédente.

C’est une envolée dans un univers fait de mains humaines (j’écris humaines pour éviter de tomber dans un genre réducteur).

Lire serait mon seul et unique métier.

Lire et annoter, puis relever, en un travail de moine copiste les milliers d’annotations qui se mettent alors à entrer en résonance les unes avec les autres.

Elles formes, derrière les murs qui m’isolent du monde, une symphonie à taille humaine.

Plus je lis moins je sais, ni ce que serait le savoir, ni ce que je nomme de manière si prétentieuse « l’humain ».

Je dis simplement qu’ici, dans la fragilité des pages et des couvertures usées d’avoir été trop manipulées, gît tout ce que notre humanité peut encore être, lorsqu’elle s’affranchit de ses monstrueuses prétentions à dominer.


Les livres sont mon refuge, mon havre de paix.


Xavier Lainé


3 septembre 2022


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