jeudi 18 août 2022

Juste retournement des choses 3

 




On peut, en ville d’indifférence, ne plus pouvoir payer son loyer pendant deux ans.

Nul n’y prête attention, sauf le jour où, dans un grand charroi de maréchaussée, les huissiers viennent tout saisir, laissant le quidam sur la paille.

On peut mourir sous les yeux sans regards d’une ville sans empathie.


On peut y mourir mais aussi tenter d’y vivre encore.

Si tant est qu’on puisse appeler vivre le fait que chaque geste, chaque parole y est plus ou moins maudite si elle ne rentre dans le moule formaté des édiles.

Car ces gens là ne peuvent envisager qu’on ne pense autrement qu’eux.

Ils ont cette vision étroite inculquée en hautes écoles : ils sont seuls à détenir toute vérité, l’erreur est au-delà de leur propre pensée.


Alors ils font ce qu’on leur appris à faire : ils décident.

Seuls contre tous ils décident.

Ils construisent les remparts qui les protègent de toute contradiction.

Ne sortent que parmi leurs « gardes dru corps », les amis qui sont comme eux, qui leur servent de paravent.

« On n’est pas au Qatar », qu’ils disent.

Non, c’est ici un Qatar qui ne montre jamais son vrai visage.

Un Qatar qui se planque pour accomplir ses basses oeuvres dans le silence complice de ceux qui voient mais ne disent rien.

Ignorants de la diversité nécessaire au maintien de la vie, ils posent leurs ombrières sur les places rendues stériles.

Qu’importe qu’on y grille : elles sont le symbole même de leur triomphe à bas prix…

Et de la mise à mort, sous leur domination sans partage, de notre Terre commune.


Xavier Lainé


3 août 2022


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