Je pourrais vous parler du printemps
Je pourrais m’extasier devant les beautés de la Terre
Je pourrais
Je ne pourrais plus me regarder dans le miroir
Je ne pourrais pas supporter ma poésie
Je ne pourrais pas
Dans le déchainement d’un pays
Dont les « responsables » nient toute démocratie
Je pourrais parler d’autre chose
Compter les pieds de mes vers
Détourner l’attention
Des milliers de morts en mer
Des centaines de blessés
Sous les coups d’une police aux ordres
Des milliers mis en garde à vue
Pour avoir tenté d’exprimer leur opinion
Je ne pourrais pas
Je ne pourrais pas faire un livre
Sans qu’il dénonce
Sans qu’il se fasse relais
Des cris de suppliciés
Écoutez donc
La monotone plainte qui monte
De partout
Comme d’ici
Bien sur je pourrais
Aller boire un coup en terrasse
Me croire heureux
De ne pas avoir perdu un oeil
De ne pas avoir la mâchoire en lambeaux
De ne pas sentir mon crâne défoncé
Sous les coups d’un enragé
Nourri de main de ministre
La haine attisée de propos présidentiels
Vous qui sifflez les artistes qui protestent
Vous me direz que ce n’est pas ici poésie
Qui crie avec les humiliés
Ce n’est pas poésie
Qui dresse barricade de mots
Pour rompre avec le silence orchestré
En médias corrompus et serviles
(28 mars 2023 — 1 — 5h03)
*
Quand il n’y a plus que violence au coeur des humains
Ne reste qu’à ouvrir les lieux parenthèses
Les bulles d’humanité
Où déposer nos coeurs toujours assoiffés
(28 mars 2023 — 2 — 13h57)
Xavier Lainé
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