dimanche 16 avril 2023

Une ode au retrait 27

 




Je pourrais vous parler du printemps

Je pourrais m’extasier devant les beautés de la Terre

Je pourrais


Je ne pourrais plus me regarder dans le miroir

Je ne pourrais pas supporter ma poésie

Je ne pourrais pas


Dans le déchainement d’un pays

Dont les « responsables » nient toute démocratie

Je pourrais parler d’autre chose

Compter les pieds de mes vers

Détourner l’attention

Des milliers de morts en mer

Des centaines de blessés

Sous les coups d’une police aux ordres

Des milliers mis en garde à vue

Pour avoir tenté d’exprimer leur opinion

Je ne pourrais pas

Je ne pourrais pas faire un livre

Sans qu’il dénonce 

Sans qu’il se fasse relais

Des cris de suppliciés


Écoutez donc

La monotone plainte qui monte

De partout

Comme d’ici


Bien sur je pourrais

Aller boire un coup en terrasse

Me croire heureux 

De ne pas avoir perdu un oeil

De ne pas avoir la mâchoire en lambeaux

De ne pas sentir mon crâne défoncé

Sous les coups d’un enragé

Nourri de main de ministre

La haine attisée de propos présidentiels


Vous qui sifflez les artistes qui protestent

Vous me direz que ce n’est pas ici poésie

Qui crie avec les humiliés

Ce n’est pas poésie

Qui dresse barricade de mots

Pour rompre avec le silence orchestré

En médias corrompus et serviles


(28 mars 2023 — 1 — 5h03)


*


Quand il n’y a plus que violence au coeur des humains

Ne reste qu’à ouvrir les lieux parenthèses

Les bulles d’humanité

Où déposer nos coeurs toujours assoiffés


(28 mars 2023 — 2 — 13h57)


Xavier Lainé


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire