« Les fous d’argent sont en tous lieux
Ils sont légion, ils sont nombreux
Qui aiment l’or plus que renom.
On ne loue plus la pauvreté.
Ici-bas il n’arrive à rien
Qui n’a que vertu pour tout bien :
Sagesse n’est plus honorée
L’honnête est le dernier servi
Est mis à la portion congrue,
Il ne faut plus parler de lui ;
Et qui n’aspire qu’aux richesses
Habile à s’enrichir bien tôt,
Fait l’usurier, nuit, tue, se damne,
Est félon contre son pays.
Il en va ainsi par le monde :
L’argent fait de méchantes gens.
Justice au plus riche est vendue
Et l’argent, il vous ferait pendre
S’il n’aidait pas à vous dépendre ;
Par lui reste impuni le crime.
Te le dis tel que je le pense :
Au gibet pend menu fretin.
Le frelon passe l’arantèle
Où seul s’englue le moucheron1… »
Les fous d’argent ont la peau dure
La vie chevillée au corps
Ou au coffre
Ils sèment guerres et misères
Nul ne songe à en évacuer l’engeance
Au contraire
Il semble qu’ils soient adulés
Traités en dieux
Dont le masque cache mal la diablerie
Les fous d’argent sont peut-être moins nombreux
Mais causent bien plus de dégâts qu’autrefois
Car ils tiennent dans leurs mains avides
Le pouvoir de détruire
Humains et planète
Sans l’ombre d’un remord
(18 mars 2023 — 1 — 7h42)
*
« L’avenir des hommes n’est écrit nulle part. Pour le meilleur et pour le pire2. »
Rien n’est écrit
Pas même d’un mot
Rien ne dit de quoi
L’humain serait capable
Du pire comme du meilleur
Certes
Gageons que le meilleur gagne
Il serait temps et heure
Qu’à accepter le pire
Les chemins de la révolte
Ouvrent la porte au mieux
Au mieux vivre
Qui ne se réduirait pas
À un bien-être égocentré
À un mieux vivre
Qui ne soit pas vaine attente
D’un jour où enfin se dispenser
Où enfin consacrer les heures
À autre chose que « gagner »
« Gagner »
Symbole d’un système
Symbole de domination reine
Où toujours les plus forts
En imposent aux plus faibles
« Gagner »
Puis finalement « perdre »
Sur un Terre dévastée
Par les gagnants
Nous seront tous perdants
(18 mars 2023 — 2 — 16h37)
*
Tombe la nuit sur les épaules
Pèse si lourd la vie
Le savez-vous
À qui n’a jamais cessé de se lever tôt
Pour ouvrir sa porte
À tous les chagrins du monde
Mon visage penché
L’enfant sourit
Ultime baume posé
Sur les paupières du crépuscule
(18 mars 2023 — 3 — 21h18)
Xavier Lainé
1 Sébastien Brant, La nef des fous, éditions José Corti, 1997, 2004
2 Jean-Claude Michéa, Impasse Adam Smith, éditions Climats, 2002
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