lundi 10 avril 2023

Une ode au retrait 21

 




En faveur du retrait

Pas forcément de la retraite

Qui rime trop avec défaite


La défaite

Ce qui est lorsque trop

Trop travaillé

Trop usé

Jusqu’à l’os

Qui fait mal

La douleur 

Qui te lamine

Alors oui

La retraite

Comme signe d’une défaite

D’un Etat prétendu « social »


Un Etat qui t’use jusqu’à la moelle

Qui te laisse

Agonisant sur le bord de sa route

Où passent rutilants

Les carrosses du profit

Tandis que toi

Entre deux plages de misère

Tu tends misérable main

Pour obtenir des miettes


En faveur du temps

Du temps gagné là

Là tout de suite

Sans attendre l’usure


En faveur du retrait

Devant le danger de l’usure

Avant qu’il soit trop tard

Pour prendre retraite

Entre quatre planches

Qui ne seront pas de salut


(21 mars 2023 — 1 — 10h22)


*


« Ecrire et penser, c’est cela le bonheur, même si l’on écrit et l’on pense des choses tristes, des tourments indélébiles. Des douleurs qui avec le temps mûrissent et produisent leurs fruits en vers⁠1. »


Il me faut assumer la tristesse

Celle qui est moteur pour toujours reconstruire

Ce qui a été détruit

Ce qui le fut tant de fois

Que très souvent

J’aurais pu croire la dernière heure venue


Ecrire est cet émonctoire

Qui ne vise rien d’autre que de me prouver existant

Qui me permet de supporter un monde insupportable

Qui me permet de survivre parmi les égoïsmes 

Louvoyant parmi les écueils

En évitant de sombrer


D’un naufrage on se remet toujours

Tant qu’il reste une poutre d’écriture 

À laquelle se cramponner

Un radeau de livres

Auquel m’encorder

Pour dépasser mes propres contradictions

Avec un minimum de lucidité


(21 mars 2023 — 2 — 20h43)


Xavier Lainé



1 Edith Bruck, La voix de la vie, éditions Rivages Poche, 2022

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