En faveur du retrait
Pas forcément de la retraite
Qui rime trop avec défaite
La défaite
Ce qui est lorsque trop
Trop travaillé
Trop usé
Jusqu’à l’os
Qui fait mal
La douleur
Qui te lamine
Alors oui
La retraite
Comme signe d’une défaite
D’un Etat prétendu « social »
Un Etat qui t’use jusqu’à la moelle
Qui te laisse
Agonisant sur le bord de sa route
Où passent rutilants
Les carrosses du profit
Tandis que toi
Entre deux plages de misère
Tu tends misérable main
Pour obtenir des miettes
En faveur du temps
Du temps gagné là
Là tout de suite
Sans attendre l’usure
En faveur du retrait
Devant le danger de l’usure
Avant qu’il soit trop tard
Pour prendre retraite
Entre quatre planches
Qui ne seront pas de salut
(21 mars 2023 — 1 — 10h22)
*
« Ecrire et penser, c’est cela le bonheur, même si l’on écrit et l’on pense des choses tristes, des tourments indélébiles. Des douleurs qui avec le temps mûrissent et produisent leurs fruits en vers1. »
Il me faut assumer la tristesse
Celle qui est moteur pour toujours reconstruire
Ce qui a été détruit
Ce qui le fut tant de fois
Que très souvent
J’aurais pu croire la dernière heure venue
Ecrire est cet émonctoire
Qui ne vise rien d’autre que de me prouver existant
Qui me permet de supporter un monde insupportable
Qui me permet de survivre parmi les égoïsmes
Louvoyant parmi les écueils
En évitant de sombrer
D’un naufrage on se remet toujours
Tant qu’il reste une poutre d’écriture
À laquelle se cramponner
Un radeau de livres
Auquel m’encorder
Pour dépasser mes propres contradictions
Avec un minimum de lucidité
(21 mars 2023 — 2 — 20h43)
Xavier Lainé
1 Edith Bruck, La voix de la vie, éditions Rivages Poche, 2022
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