Sur l’océan du doute
Parfois
Un îlot de savoir
Rien où s’accrocher
Sur l’océan des incertitudes
Je me laisse porter
Emporter
Séduire
Par les sirènes de la vie
Beau dehors
Et ça vous plaît
Chaud
Ça vous convient
Moi non
Je navigue dans l’inquiétude
De savoir ne pas trouver port
Où poser mes valises
Une fois les côtes rongées
Jusqu’à l’os du désespoir
Certes manifester
Certes crier nos révoltes
Il fallait réfléchir avant
Ne pas confier notre sort
À la « Nef des fous »
(16 mars 2023 — 1 — 8h40)
*
« Le monde vit dans la nuit noire
L’aveugle s’attarde au péché ;
Pleine de fous rues et venelles
Ne sachant faire que folies
Mais on en refuse le nom1. »
Me voici comme Sébastien
Devant le vaisseau amiral
Qui tangue et chavire
Sous le poids des fous
Qui s’accrochent à son bastingage
Désespérés de n’être point
Les riches sauveurs qu’ils voudraient être
Me voici comme Sébastien
Un demi millénaire plus tard
Reprenant avec délectation
Les propos tant ressassés
Qu’ils en deviennent litanie
Vaine et inaudible
Tant riches à la proue
S’en vont tonitruants
De leur raison supérieure
Tandis qu’aux flancs du navire
S’en vont noyés les gueux
Me voici comme Sébastien
Cherchant encore raison
Entre quelques pages ouvertes
Auxquelles j’ajoute les miennes
Qui disent toujours même refrain
Dans l’indifférence des fous
(16 mars 2023 — 2 — 10h07)
*
Nous voici au pied du mur
Nous révolter ou abdiquer
Devant le cynisme sans borne
Ne reste plus que l’insurrection
C’est ici que tout commence
C’est ici aussi que tout fini
Que tout finira toujours
Tant que nous n’aurons pas appris
À mettre un terme à l’esprit de domination
Celui qui dure depuis que certains
Se prirent pour dieux
Pour princes ou pour monarques
Au service d’autres qui tirent les ficelles
Et engrangent les bénéfices
Nous voici au pied du mur
Contribuer dès maintenant
À la chute des ultimes murs
Qui nous séparent de notre humanité
(16 mars 2023 — 3 — 20h50)
Xavier Lainé
1 Sébastien Brant, La nef des fous, éditions José Corti, 1997, 2004
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