mercredi 5 avril 2023

Une ode au retrait 17

 




Un instant j’avais rêvé

De me glisser entre des draps blancs d’espérance

Contre un corps nu chargé à la dynamite du désir

Puis je me serais endormi apaisé 

Peut-être

Peut-être apaisé

Je ne sais pas

Car dehors ça chauffait

Les foules envahissaient les rues

C’est ainsi

On conduit la meute au désespoir

Un jour la violence d’Etat se transforme

Un monde s’écroule dans les flammes

C’était si prévisible

Qu’impossible de rester entre les draps blancs

Impossible de rêver à une autre espérance

Que celle qu’on se forge dans un monde

Où tout ce qu’on pourrait rêver ne cesse de se dissoudre

De se dissoudre dans l’acide d’une volonté obscure

Vanité des rêves d’amour

Vanité des mots jetés au matin d’une aube grise

Mots qui se feraient pavés enflammés

Boules de poésie flambant dans le petit jour fade


Un instant j’avais rêvé

De me glisser entre des draps blancs d’espérance

Un corps froid et nu me conduisait au cauchemar

Celui vécu déjà qui nous maintint enfermé

Contre toute vraisemblance

Avec des crépuscules d’applaudissements stupides

J’en rêve depuis

De m’endormir entre des draps blancs

Contre un corps nu mais réchauffé par l’espérance

Nous partagerions des rêves d’autre monde

D’outre ce monde

L’ogre montre son vrai visage

Qui d’une main de fer refroidit l’espoir

Attise la flamme des colères

Interdit le baiser et la poignée de main

L’ogre montre son vrai visage

Celui qui détruit en nous-mêmes notre humanité

Celui qui nous sépare et nous classe

Entre races et classes

Entre sexes et genres

Celui qui devant son écran de suffisance

Veut nous contrôler et nous dire

Contre toute vraisemblance

Ce qui serait bon pour nous


Ce qui serait bon pour nous

Nous glisser dans les draps blancs d’une espérance

Une chaude espérance qui nous accueillerait en sa nue beauté

Ouvrant nos rêves et nous accordant le repos

Pour que dès à présent nous ayons force et courage de reconstruire

Ce que l’ogre en sa profonde absurdité aura détruit

Reprendre le fil de notre humaine condition

Un moment rompu dans la froide sécheresse

D’un monde non désiré


(17 mars 2023 — 1 — 6h54)


Xavier Lainé


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