mardi 30 mars 2021

Rouge misère 2 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 3)

 




Elle est dure, la faim.

Elle est comme la colère.

Elle pousse à la violence.

Il en est ainsi à chaque jacquerie.

On se lève matin, on est tenaillé par la faim.

La colère monte comme on monte vers le seigneur.

On en redescend encore plus vite sous les boulets.

Certains finissent au gibet.

Ça ne calme pas la faim.

Ça ne fait que tempérer et repousser la colère.

Qui croit de siècle en siècle.

Colère qui monte et toujours les possédants qui s’empiffrent.

S’empiffrent quoi qu’il advienne.

Pestes, choléras, tout fait ventre en leur escarcelle.

J’ai appris ça en marchant.

En suivant le long fleuve des colères qui passait sous mes fenêtres.

C’était un jour de printemps.

Le ciel était rouge comme le sang devant les portes du château.

Comme le sang sur les avenues.

Comme le sang sur les barricades.

Comme le sang contre le mur où s’alignaient les condamnés.

Comme la colère qui ne cesse de monter, de soulever le couvercle.

Couvercle que les puissants vissent toujours plus fort.

Toujours plus fort pour contenir le mouvement.

Mouvement qui s’arrête un instant, puis reprend de plus belle.

Tout le monde le sait : un volcan qui boue longtemps explose plus fort.

Un peuple qui boue, explose plus fort mais se heurte toujours à violence pire, mieux armée, plus calculée, plus « stratégique ».

Ils ont leurs stratèges en combat de rue.

Ils n’ont pas d’états d’âme.


Xavier Lainé


2-3 mars 2021


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