vendredi 5 mars 2021

Prendre soin 6 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 2)

 




Une fois établi le principe d'impuissance comme norme de nos vies soumises, il nous reste si peu d'espace pour la respiration de nos esprits que nous étouffons à petit feu.

D'injonctions contradictoires en contraintes impensables encore hier, la liberté pleure toute les larmes de son corps.

Mais peut-être trouveront-ils encore dans ces larmes les preuves d'une contagion.

Puisque désormais ils ne prennent plus soin que d'eux-mêmes en n'écoutant que leurs borborygmes algorithmiques.


S’ils étaient les seuls !

Voici que ce nombrilisme atteint toutes les couches de la société.

On ne flatte plus que l’ego.

On se montre en photographie sous son meilleur jour.

On n’encense que soi.

On s’estime dépositaire d’une parole unique, inédite.


Ce « on » anonyme est le signe de ma grande confusion.

Un « je » bien senti devrait en prendre la place.

Mais alors je verserai peut-être dans le travers que je critique.


Elle est terrible cette image qui me vient d’individualités juxtaposées.

Individualités vues comme au travers d’un oeil de mouche.

Qui prétendent « communiquer » par écrans interposés, sans jamais se parler vraiment.

Chacun, comme moi, dépose là son message, bouteille à la mer dans un océan sans ports d’attaches ni îles refuges où se retrouver enfin pour de vrai.

Chacun cultive son pré carré, jalouse celui des autres, ne tolère aucune ingérence dans son mode de vie et de pensée.

Vivre sur ses gardes et inquiets serait le dernier cri de la mode.


Xavier Lainé


4 février 2021


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