dimanche 7 mars 2021

Prendre soin 8 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 2)

 




Je n’ai rien vu venir.

Je ne suis pas le seul, certes, mais pour faire société je ne peux imaginer qu’elle puisse être indépendante de chacun de nos engagement ou dégagement.

Faire société, ce n’est pas une question de pouvoir, c’est une question de vivre ensemble, hors tout bénéfice escompté.

C’est prendre soin de soi, certes, mais sans oublier que je ne peux pas demeurer enfermé dans ce prendre soin comme une chose privée.

À défaut de sentir ma relation à l’autre, à tous les autres, mon « prendre soin » n’est qu’un bénéfice tiré à titre privé du rejet hors de toute humanité des plus précaires, des plus démunis.

Les écrans depuis cinquante ans nous habituent à leur chute.

Ils nous montrent les atrocités commises et nous habituent à nous défausser de toute responsabilité, de toute participation, même par défaut, aux crimes.

Tout, inexorablement est devenu commerce, recherche de rentabilité immédiate, jusqu’à spéculer sur nos potentielles maladies.

Tout en nous faisant croire en une improbable immortalité, la médecine dans son essence s’est vouée à faire de nos vies une marchandise.


Titulaires de vies dont nous ne maîtrisons aucun objet, le vaccin contre tout esprit critique inoculé dès notre plus jeune âge, nos défaites sont le sujet de leurs spéculations.

S'ils nous invitent à prendre soin, ce n'est pas pour remettre en cause ce qui nous rend malade, mais pour nous conformer à leurs objectifs de rentabilité.

Au fond, ils nous voient comme de potentiels malades, de simples lignes dans le calcul de leurs dividendes.

Que nous nous battions pour inventer nos vies en bonne santé, voilà qui nous rend déjà à leurs yeux coupables de rébellion.


Xavier Lainé


6 février 2021


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