lundi 15 mars 2021

Prendre soin 16 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 2)

 




C’est un bien fragile équilibre entre humanités et sciences.

Peut-être avons-nous un peu trop vite oublié l’heureux temps où rien n’était séparé, où il n’y avait point de science possible sans conscience philosophique.

Or, voici qu’au détour d’un siècle, une frontière presque étanche fut dressée qui sous le dogme d’une raison sans boussole créa le schisme entre les deux versants d’humaine condition.

On se mit à privilégier la science qui vint remplacer les dieux déclarés définitivement morts.

Ce fut nouvelle bible écrite qui écartait toute conscience en la réduisant à un concours de connexions neuronales.

L’homme machine réduit à sa mécanique que la technique pourrait réparer indéfiniment jusqu’à nous rendre immortels.

Si la frontière fut bien établie entre humanités et sciences, celles-ci, furent progressivement confondues avec les techniques dont elles peuvent être le ferment.

Bonne logique, puisque l’esprit ne se vend pas facilement quand la technique peut entrer dans la productivité débridée et alimenter le commerce, bénitier de la nouvelle religion consumériste.


S’il en fut ainsi des sciences et de la technologie, c’est à l’industrie que nous le devons, qui n’épargna pas l’art médical pour en faire science et technique sans âme.

La parole médicale établie en parole de la divine science, la vie en ses aléas n’a qu’à bien se tenir.

Ses symptômes sont autant de signes que la technique va pouvoir traiter avec un résultat statistiquement infaillible.

Sauf à se trouver dans la marge des statistiques, parmi les rebelles qui se heurtent aux limites d’un savoir qui ne sait plus aucune interférences entre les phénomènes.


Xavier Lainé


16 février 2021 (1)


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