vendredi 19 mars 2021

Prendre soin 20 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 2)

 




Mais bon sang mais c’est bien sur : je devrais écrire léger.

Que ceux qui vont bien lèvent le doigt et m’assurent que, vraiment, ils vont ainsi.

Ils vont contre vents et marées, bien.

Contre la longue liste des migrants refoulés, des morts sur nos trottoirs, des ravagés par un système qui les brise.

Contre la logique même de ce qui nous entoure, je devrais mettre l’accent sur ce qui va.

Puis m’en aller auprès de mon arbre, enfouir mes colères entre ses racines pour vous « soigner » l’âme sereine.


Comme si de rien n’était, je devrais aligner les mots printaniers et d’un coeur primesautier vous chuchoter mes mots doux.

Je ne devrais pas me laisser gagner par l’amer d’un temps qui nous enferme.

Je ne devrais surtout pas parler de vos maux ni me soucier de ce qui les provoque.

Je ne devrais pas dire ma tristesse devant tant de souffrance endurée.

Il est temps de quitter le domaine de la pensée simpliste, réduite à tort ou raison.

A ne pas assumer nos propres conflits, comment pourrions-nous sortir de la spirale infernale des souffrances infligées.

L'homme réduit à être l'objet d'un commerce, infantilisé et rendu esclave de décisions obscures, de quel soin pourrions-nous encore l'accompagner ?

Je dis "obscures" quand il apparaît clairement que la réification dont nous sommes les objets entre au service d'insupportables profits.

Voici que des individus sans foi ni loi entendent réglementer la planète, ignorant que notre naufrage sera aussi le leur.

Les sommes qu'ils accumulent sortent comme sang de nos innombrables blessures.


Xavier Lainé


20 février 2021


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