mardi 3 novembre 2020

Lettre du bord du gouffre 6





1933 ?

Ne pas faire de raccourcis.

Juste constater combien parfois, l’histoire semble bégayer.

Puis, avouer la fatigue de vivre temps glauques et retourner à mes lectures.

Tu m’ignores, je t’ignore, vous vous ignorez.

Ainsi vont les « relations humaines » ou prétendues.

Couples à l’agonie, partageant même toit pour la forme et la façade bourgeoise convenue.

Amitiés sacrifiées sur l’autel d’une vie qui n’a plus de sens.

Ils y ont mis le temps, mais voilà en quel gouffre nous sombrons.

Pour l’instant, ils nous maintiennent juste au bord.

Ils nous chuchotent de faire le pas en avant et de chanter en choeur les louanges de nos oppresseurs.

Chacun chez vous !

Qu’ils disent, chacun chez vous !

Pas de rencontre, pas d’amour, pas de baisers, pas d’embrassades, pas de familiarité.

Si vous n’êtes pas malade, vous pouvez l’être alors soyez prudents.

À quand le décret ordonnant la mise à mort des vivants pour ne pas mourir d’une attaque virale ?

L’absurde frappe et chacun se tait, se terre, obtempère et, pour certains, même, en redemandent.

1933 ?

Insupportables visages masqués et yeux au-dessus, regards apeurés ou suspicieux.

Insupportables rues vides, commerces fermés, lieux de convivialité désertés.

Il nous reste quoi une fois la vie interdite ?

Il nous reste quoi ?

Sinon le mièvre et l’indigence de la pensée servis en plat de soumission.


A suivre...


Xavier Lainé


4 novembre 2020


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