vendredi 20 novembre 2020

Lettre du bord du gouffre 23

 



L’oeil n’est plus dans la tombe de notre esprit bienveillant.

L’oeil est dehors et scrute chacun de nos faits, de nos gestes, démultiplié en caméras surveillant l’espace public, algorithmes gérant nos propos et appels à l’insoumission sur des réseaux qui n’ont de sociaux qu’un nom inventé et déposé par affairistes sans âme.

Quoi que tu dises et fasses, cet oeil là ne te lâche pas d’une semelle.

Il te suit à la trace en milliers de téléphone portables qui tracent ta route.

Tu ne peux te défaire de leur obsession sécuritaire qui n’a parfois plus rien à voir avec la sécurité.


Car nous y serions, en sécurité, si l’insulte et le mépris était tout autant fustigé que nos appels à la révolte.

Ce n’est pas le cas : sur les réseaux prétendus sociaux, on s’invective à l’envie, aucune bride lâché ne vient troubler les algorithmes de Big Brother. Mais que tu en appelles à l’oeil intérieur d’une conscience ébranlée entre les rayons d’un commerce stupide, te voilà contraint de modérer tes ardeurs.


Big Brother se marre qui ne mesure pas l'effet délétère de sa création, il s'en tord les côtes !

Car, bien évidemment, pour les gogos, les imbéciles, les ignares, partager un documentaire, un texte, un propos, c’est en approuver la totalité !

Big Brother : je rêve qu’il puisse en mourir de rire !


C'est à ça qu'ils travaillent (je dis ils, mais ils ont des noms — Bill Gates, Mark Zuckerberg et consorts — et tirent grand profit de la couardise générée par les disruptifs de leur espèce : à chacun de nos "likes", leur tiroir caisse sonne).

Mais bien sur, dénoncer ce que ce système façonne, c'est ne pas être dans le bon camp !

Bravo, Big Brother et ses copains s'en tordent les côtes !


Surtout, le plus fabuleux, c'est que désormais on ne puisse plus rien publier, écrire, faire, organiser sans en passer par leurs fourches Caudines.

Très drôle... Et triste que si nombreux nous soyons à bouffer à ce râtelier.


A suivre...


Xavier Lainé


17 novembre 2020 

1 commentaire:

  1. Tout est à ceux qui détiennent cet oeil ! Leur montrer que notre oeil est toujours à voir et nos oreilles à entendre, nos sens à comprendre. Non ici ne sont pas que des ignares -preuve tu es là-. Il faut jeter un oeil partout, ici et dehors là où peut-être loin des caméras ou autres drônes il nous reste quelque espace pour vivre et lutter pour vivre. Tel est l'enjeu actuel !

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