jeudi 26 novembre 2020

Lettre du bord du gouffre 29

 



Nous vivons donc ce renversement de la langue, cette inversion sémantique qui fait que plus un mot ne peut être prononcé sans qu’il soit renversé par ceux qu’il dérange.


Fi des arguments, des questionnements, des recherches, puisqu’on vous dit que la raison est du côté du pouvoir.

Alors, on cogne, puis on plie sous le poids des arguments, et sans crier gare, on te dit :  "reste là, avec tes dogmes".


J'avais appris qu'en bonne politesse, il valait mieux frapper avant d'entrer, mais en ce territoire décomplexé des pseudo réseaux sociaux, on commence par entrer, puis ensuite on frappe.

Comme on n'a pas de visage, pas d'apparence, on s'imagine que ça ne laissera pas de traces.

Bientôt, grâce à l'usage du masque qui nous rend anonymes, nous en ferons autant dans la rue ?


Le trouble est profond, il prend racine en ces lieux interlopes où, de fait nous n'existons pas, sinon sous des avatars et des paroles en l'air.


On ne lit pas, on survole ; c’est la méthodologie dûment enseignée : ne pas lire un livre jusqu'au bout, juste prendre dans chaque livre ce qui peut être utile à sa propre thèse.

On peut même critiquer un ouvrage à partir de sa quatrième de couverture puis faire étalage d'un savoir qui n'existe pas.

Le tout c'est de paraître savant, non de l'être.

Le tout c'est de paraître, non d'être.

Tout est dans le masque, non dans la profondeur.


Moi, quand je lis, je lis : je ne laisse pas une page de côté de peur de louper quelque chose d'important. Au risque évident de ne pas avoir assez de ma vie pour tout assimiler.

Pas grave, je reviendrai. Même pas peur de passer l’arme à gauche, puisque je sais ne pas pouvoir accomplir tout le programme fixé en une seule existence. Je devrai donc revenir, gare à vos yeux !


A suivre...


Xavier Lainé


21 novembre 2020


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