dimanche 25 juin 2023

Pousser les portes du devoir (Un chemin étroit avec Gide) 3

 



Vierge voilée de Giovanni Strazza (XIXème sicèle)

(Photographie glanée ici : Livingstone)


« Que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée. » André Gide, Les nourritures terrestres


Je suis celui qui regarde.

Parfois ne sais quoi dire, me laisse guider par mes yeux.

Mon regard scrute, lis derrière les mots dits, ce que visage exprime.

Je suis dans mon regard au point d’en être mal à l’aise.

Mon regard lit bien au-delà de mes pensées, des pensées émises.

Mes yeux, je le sais, en disent bien plus long, surtout quand ma bouche reste fermée.


Rien à dire.

Juste à être en amont de mon regard.

Tenter de lire l’arrière-fond des pensées.

Laisser mes pupilles devenir assez limpides pour ne rien cacher.

Sans être transparent, exister dans ce regard là.


« Vous faites quoi, vous ? »

« Je vis, et c’est déjà tâche ardue ! »

« On devrait même être rémunéré pour ça ! »


À vouloir exister sans entorse entre ce que je dis et ce que je fais, parfois il ne me reste que mes yeux pour pleurer, ou rire.

Car mes yeux, habitués à exister comme je suis, deviennent ma manière de vivre.

Regarder ce n’est pas voir, ni être voyeur, c’est communiquer, savoir que mes yeux sont l’expression de ce que je suis.

Si je suis faux, ou hypocrite, mes yeux me trahissent.


Mon regard est un puits par où passe le seau qui en remonte chargé des milliers de mots enfouis dans mes profondeurs.

Je suis mon regard bien plus que ce que mon regard voit

Je ne suis pas mes yeux, je suis le regard qu’ils offrent.



Xavier Lainé

3 juin 2023


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