dimanche 26 décembre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 2 - Eugène à l’Orient de tout 2

 



La Grèce sur les ruines de Missolonghi, Eugène DELACROIX


Cher Eugène.


La gloire n'est pas dans l'immédiat d'un temps glauque. Il faut parfois savoir prendre de la distance, monter au sommet de la colline, contempler l'humanité en ses soubresauts pathétiques sous le joug des imbéciles dont l'esprit est réduit à un porte-feuille, pour écrire, paisible les mots décapants qui ne seront lus que bien plus tard, à titre d'oeuvre posthume.

Il faut prendre distance et hauteur pour peindre, dépeindre, enluminer l’espace et le temps d’un pinceau sensible.

Chaque toile comme chaque écrit est l’expression de notre appartenance à un monde.

Nous ne pouvons pas nous défaire de nos origines, plus ou moins aisées.

Voyageant en ta compagnie après avoir côtoyé un instant Théodore, je vois bien que vous n’étiez pas de « basse extraction » comme diraient les « penseurs » de votre classe.

Etrange non, que peinture, littérature, ne proviennent que d’une classe tandis que, parmi ceux qui triment, s’éreintent, se perdent entre esclavage et salariat, rien ou si peu n’apparaisse.

Serais-tu l’expression de ce « miracle » de la distinction des classes ?


Je t’accompagne aux beaux-arts de Paris.

Tu y côtoies jeunes gens bien mis qui sont artistes, certes (à ton époque, on pouvait encore l’être ; aujourd’hui on s’en donne l’air, histoire de chercher dans le triste miroir médiatique une illusoire image de soi qui tirerait vers la gloire), artistes, est-ce bien la mot ?

Tu y apprends ton art.

Tu vas au Louvre multiplier les copies avant de forger ta propre vision des choses.

Vous êtes un monde dans le monde, un univers parallèle à celui de la plèbe qui s’encanaille dans les faubourgs.


Xavier Lainé


2 août 2021


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