mercredi 15 décembre 2021

Effeuiller les jours (Ou la vie sous contrainte) 12

 




C’est le jour où le ciel n’arrêtait pas de pleurer.

Les larmes coulaient sur les joues du désespoir.

Mais ce n’est pas lui qui était en cause.


C’est le jour de belles histoires dites qui rendait les yeux humides dans le petit matin d’automne.


C’est le jour où blottie dans les bras, ce geste simple d’humanité, tu ouvrais les vannes aux gouttes de rosée depuis longtemps retenues au fond des yeux.


C’est le jour où tu réalises que depuis vingt mois, les gestes tendres sont devenus l’exception.

Qu’accueillir la détresse les mains ouvertes passe pour exceptionnel.


C’est le jour où tu réalises que parlant de ton vécu, sans prétention d’en faire généralité, d’autres s’en chargent.

Que le problème n’est pas la mort, y compris d’êtres chers avec ou sans co-morbidité, mais cette étrange climat qui exclut tout geste d’humanité hors du temps et de l’espace.


C’est ce jour là où tu constates avec effroi que la soumission a été rendue possible par cette extinction des sentiments les plus naturels.

Ce qui a été brisé crée une pandémie, qui cette fois ronge les esprits les plus clairvoyants.


Xavier Lainé


1 commentaire:

  1. Justement pas les esprits des plus clairvoyants. Ceux là ont une boussole intérieure même en temps de brume épaisse. Et tu es de ceux là. Amitiés, Brigitte

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