dimanche 5 décembre 2021

Effeuiller les jours (Ou la vie sous contrainte) 8

 






C'est un jour où le gris succède à la nuit.

Nuit de violentes migraines tant les idées se heurtent aux parois du crâne.

Nuit qui se termine titubant, sur le seuil, avec la vision terrible d'un écroulement latent.


C'est un jour d'ami qui cite Jean Genet, si peu lu Jean Genet, comme si peu lus Edouard Glissant ou Patrick Chamoiseau et la pensée en archipels, seule issue possible à l'ornière.


C'est un jour de plus où nous sommes "condamnés à l'état d'urgence à perpète, bâillonnés et contraints aux distances craintives, réduits à accepter le pire pour ne pas sombrer dans encore pire. 

Nous sommes le pitoyable résultat d'un pays qui ne sait plus rien de son histoire mouvementée et des révoltes noyées dans le sang qui l'ont pourtant construit."


C'est un jour où tu réfléchis à ta condition de soignant prétendu "libéral" qui se traduit depuis quarante années en "marche ou crève" pour tenter encore de garder dignité humaine sans négliger technique, mais avec la conscience croissante que l'humain parmi les vivants est bien plus qu'un "animal machine".


C'est un jour où tu regrettes tes pauvres compromissions pour sauver toit et pitance familiale.


C'est un jour où le gris du ciel t'invite à un ailleurs inexistant où il serait simple de vivre en humain, dégagé des stupides et contraignantes survies.


C'est un jour où tu avances avec la vision de tes propres noirceurs qui poseraient lumière sur la page du jour.


C'est un jour où tu sais qu'après l'hiver. vient toujours un printemps.

Alors tu voudrais pouvoir, à mots couverts, en sauver la flamme.


Xavier Lainé


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