dimanche 19 décembre 2021

Effeuiller les jours (Ou la vie sous contrainte) 13

 




C’est un jour où la poussière cachée sous le tapis ressort enfin.


C’est un jour comme ça où tu te retiens de répondre aux commentaires qui ne manquent pas.

Tu les laisses cheminer en toi, mâchonnant réponses inutiles, car à quoi bon  ?


C’est un jour sans passe partout.

Ta porte ouverte demeure libre d’accès.

Tu ne demandes rien à personne.

Alors tu exiges la même en retour.


C’est un jour où une jeune pigiste au service de feuille de chou locale t’interroge.

- Vous êtes là pourquoi ?

- Contre l’ignoble passe partout.

- Et vous êtes vacciné ? 

- Ça ne vous regarde pas.

- Ha oui, c’est vrai ! Le secret médical ! 

- Exactement, celui qu’un gouvernement au nom du contrôle généralisé cherche à abolir.


C ‘est ce jour où émerge le fond.

Première coulée de lave : quel rapport entre virus et système capitaliste ?

Deuxième coulée de lave : comme je ne peux pas changer le système, je suis solidaire. Mais solidaire de quoi ?

Troisième coulée de lave : vous avez de la chance de ne pas avoir connu les morts, ni les déprimés. C’est sans doute vrai pour les morts. Pour les déprimés, j’en mesure quotidiennement les fumerolles.

À quand l’explosion ?


C’est le jour où tu sens bien qu’à continuer à prendre pour liberté son fac-similé, sans regarder le substrat d’où cet avatar émerge, ça risque de prendre du temps.


C’est ce jour où, à côté de toi, devant la journaliste médusée, un autre vole à sa rescousse en mélangeant les cartes que tu venais de trier.


C’est ce jour là où tu tentais de lire quelques uns de tes feuillets du jour quand la fanfare des réjouissances maritales éclata.


C’est donc un autre jour où tu resteras bâillonné brandissant Nicolas Guilhén comme ultime parole avant le silence, devant la porte où vont convoler celles et ceux qui au fond s’accommodent très bien d’un système écocidaire, tant que virus ni misère ne s’invitent, gâchant leurs réjouissances .


« Peu nous importe de mourir,

Car mourir est bien peu de chose

S’il faut vivre en étant esclave,

A la fois libre et prisonnier ! »


C’est le jour où jamais poète ne s’est senti aussi seul.


Xavier Lainé


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