mardi 2 juillet 2024

Un goût amer 8

 





J’écris sous le coup de la nécessité

Pour ne pas rester silencieux devant les tragédies en cours

J’écris


J’écris qu’enfin dans le roulement des tambours

La foule pouvait ressembler à ce qu’elle devrait être

Un peuple

Un peuple dans sa dignité humaine

Clamant l’inacceptable génocide

Cautionné par l’Etat des droits de l’homme

Réduit à celui de la finance


J’écris sous le coup de la nécessité

La tête est douloureuse d’avoir trop supporté

L’errance d’un temps glauque

Où les pleurs d’une mère ayant vécu 

Des temps de nuits et de brouillards

Ne semblent pas suffire à éviter l’outrage

L’insulte d’un triomphe honteux

Forces du passé renaissant de leurs cendres

Sous la couardise de pauvres individus

Assoiffés de pouvoir de gloire et de fortune

Pauvres types parvenus au pouvoir par défaut

Simples usurpateurs à la pensée réduite

À de misérables pourcentages

Tandis que tant pleurent


J’écris sous ce coup là

Celui d’une immense protestation de vivre

En pays souillé faute d’avoir cultivé la mémoire


*


J’écris sous cette influence de mes doigts

Mes doigts qui touchent et se mettent à l’écoute

Sans trop savoir quoi entendre

Quoi attendre


Mes doigts se posent avec délicatesse

Et attendent

Parfois me vient une petite voix en dedans

Qui se demande où se niche le vivant

En chaque peau touchée


Le vivant

Ce serait ce petit frémissement

Ce maigre sourire éphémère

Quelque chose qui ne prend pas le chemin des mots

Qui prend parfois par contre celui des symptômes

Faute de pouvoir être assez vivant

Pour laisser le frisson et la tendresse s’exprimer

Au grand jour et au petit bonheur

De devenir humains à chaque rencontre


Alors mes mains ouvrent cette parenthèse

Où soupirer et aimer trouvent un havre

Un lieu où palpiter ne serait-ce qu’à titre provisoire

Car dehors il faudrait ne jamais y retourner

Pour ne pas reprendre le poids des carapaces

Nécessaires pour ne pas sombrer


Mes doigts dansent sur la peau qui soupire

Sur l’être qui tout à coup s’assoupit

Qui se relève et sourit 

Et se jette dans les bras qui n’attendent que ça

Les peaux alors fondent 

Deviennent océan d’humanité


Mes doigts se font têtes chercheuses

Ils ne savent pas ce qu’ils cherchent

Doutent toujours de ce qu’ils trouvent

C’est si fragile un soupir humain

C’est presque rien qui se dépose

Comme si le monde autour retenait son souffle


Parfois une ébauche d’amour s’élabore

Mes doigts en sentent la palpitation

N’en saisissent rien pour ne rien troubler

De la quiétude enfin acquise

Même à titre provisoire



Xavier Lainé

8 juin 2024



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