J’écris sous le coup de la nécessité
Pour ne pas rester silencieux devant les tragédies en cours
J’écris
J’écris qu’enfin dans le roulement des tambours
La foule pouvait ressembler à ce qu’elle devrait être
Un peuple
Un peuple dans sa dignité humaine
Clamant l’inacceptable génocide
Cautionné par l’Etat des droits de l’homme
Réduit à celui de la finance
J’écris sous le coup de la nécessité
La tête est douloureuse d’avoir trop supporté
L’errance d’un temps glauque
Où les pleurs d’une mère ayant vécu
Des temps de nuits et de brouillards
Ne semblent pas suffire à éviter l’outrage
L’insulte d’un triomphe honteux
Forces du passé renaissant de leurs cendres
Sous la couardise de pauvres individus
Assoiffés de pouvoir de gloire et de fortune
Pauvres types parvenus au pouvoir par défaut
Simples usurpateurs à la pensée réduite
À de misérables pourcentages
Tandis que tant pleurent
J’écris sous ce coup là
Celui d’une immense protestation de vivre
En pays souillé faute d’avoir cultivé la mémoire
*
J’écris sous cette influence de mes doigts
Mes doigts qui touchent et se mettent à l’écoute
Sans trop savoir quoi entendre
Quoi attendre
Mes doigts se posent avec délicatesse
Et attendent
Parfois me vient une petite voix en dedans
Qui se demande où se niche le vivant
En chaque peau touchée
Le vivant
Ce serait ce petit frémissement
Ce maigre sourire éphémère
Quelque chose qui ne prend pas le chemin des mots
Qui prend parfois par contre celui des symptômes
Faute de pouvoir être assez vivant
Pour laisser le frisson et la tendresse s’exprimer
Au grand jour et au petit bonheur
De devenir humains à chaque rencontre
Alors mes mains ouvrent cette parenthèse
Où soupirer et aimer trouvent un havre
Un lieu où palpiter ne serait-ce qu’à titre provisoire
Car dehors il faudrait ne jamais y retourner
Pour ne pas reprendre le poids des carapaces
Nécessaires pour ne pas sombrer
Mes doigts dansent sur la peau qui soupire
Sur l’être qui tout à coup s’assoupit
Qui se relève et sourit
Et se jette dans les bras qui n’attendent que ça
Les peaux alors fondent
Deviennent océan d’humanité
Mes doigts se font têtes chercheuses
Ils ne savent pas ce qu’ils cherchent
Doutent toujours de ce qu’ils trouvent
C’est si fragile un soupir humain
C’est presque rien qui se dépose
Comme si le monde autour retenait son souffle
Parfois une ébauche d’amour s’élabore
Mes doigts en sentent la palpitation
N’en saisissent rien pour ne rien troubler
De la quiétude enfin acquise
Même à titre provisoire
Xavier Lainé
8 juin 2024
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