dimanche 14 juillet 2024

Un goût amer 20

 





Lentement mais surement les masques tombent

Ceux qui se faisaient passer pour rempart contre le pire

Se montrent sous leur vrai jour

Ceux qui faisaient croire être digues

Contre la marée brune

Montrent qu’ils n’en étaient que canal

Ouvrant la porte à la lie

Pour conserver leur pouvoir solitaire


Au fil du temps on finit par se croire dans l’erreur

À toujours prévenir l’horreur des temps à venir

Tant ils sont inscrits dans les stratégies et comportements

On croit s’être trompé

On reste médusé d’avoir vu venir la tempête

Alors on ferme les yeux

Les souvenirs entrent 

Et dansent tout autour du repos

En une sarabande infernale


Les diables de l’esprit sortent

Et entonnent leur litanie

« Mais pourquoi donc es-tu resté dans la marge

Puisque tu voyais venir les mauvais coups »

Les diables de l’esprit sont de bons petits diablotins

Ils trempent leurs mots dans le fouillis des lectures

Ils aiguisent le regard pour qu’il veille

Ils entraînent les doigts à écrire

Le tableau dressé les mots demeurent

Ceux qui désormais se lamentent ou paraissent surpris

Ne peuvent pas dire qu’ils ne savaient pas


*

« On n’a pas essayé »

Qu’ils disent


Ce n’est vrai qu’à la condition d’oublier l’histoire


Et parfois

Les essais vous explosent à la figure

Demandez donc aux allemands

Ils ont essayé

Ils en gardent encore le cuisant souvenir

Et ceux qui s’étaient réfugiés ici

C’est la police française

Qui les interna au camp des Milles


Alors ce genre d’essai

On pourrait peut-être s’en passer

À moins de considérer qu’il est trop tard

Madame cafard

Et qu’il nous faille boire la coupe

Jusqu’à l’hallali


Jusqu’à l’hallali de toute humanité

Jusqu’à extinction de tout amour des autres


Essayer ce serait perdre

Pour ne pas écrire

« Ce sera »



Xavier Lainé

20 juin 2024


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