Tu restes perplexe devant le jeu pervers
Faux chiffres alignés comme vérité
Matamores du pouvoir gonflant le torse
Lançant leurs invectives pour être premier
Tu restes perplexe devant la vie qui s’évanouit
Devant la foire d’empoigne cruelle
Où se jouent nos destinées comme aux dés
Tu restes perplexe
*
Tu restes là
Sur le bord de la route
Un flot de fatigue te submerge
Il faudrait t’arrêter
Il faudrait pouvoir t’arrêter
Mais tout n’allant que mal en pis
Tant pis
Tu restes là
Tu espères
Tu tentes encore de tes maigres pensées
Construire les digues
Qui contiendraient les flots boueux
Tu restes là
Tu ouvres tes bras
Comme un sémaphore
Tu fais signes
Tu fermes les yeux
Une tendresse t’envahit
Tu voudrais ne plus les ouvrir
Pour ne plus voir
En quels cataclysme tu te sens emporté
Ta mémoire tourne
Elle tourne vite
Tant de visage tu aurais aimé sauver
Qui ont disparu corps et bien
Dans le désastre prévisible
*
Tu restes là
Sur la bord de la route
Ta soif d’amour est immense
Mais tout le monde passe
Sans un regard
Nul ne voit les petites larmes
Qui brillent au bord de tes paupières
Tu rêves
Assis là sur le trottoir
Que des bras s’ouvrent et t’emportent
Qu’ils t’offrent un nid de tendresse
Où enfin déposer ta fatigue d’exister
D’exister contre vents et marées
Qui toujours te poussent vers le large
Tu cherches dans la pluie de tes misères
Un port
Un havre
Où il ferait bon dormir
Dans l’insouciance retrouvée
Car sont ainsi nos vies depuis des lustres
Qu’il faut chaque jour tenter d’éviter les écueils
Se méfier des chausse-trappes
Tenter de s’éloigner des récifs
Qui ne font que se multiplier
Dans des vies trop courtes
Qui se terminent par fatigue
Parfois un peu trop vite
Parfois un peu trop brusquement
Vies qui n’en sont que le reflet
Réfugié dans des rêves inaccessibles
Tu restes là
Tu attends le geste improbable
Quand il vient il est fugace
Tellement éphémère
Que tu n’y crois pas
Serais-tu encore digne
D’amour et de reconnaissance
Ce serait inespéré
*
C’est ça
Ce qu’il nous faudrait cultiver
L’inespéré
Qu’il s’insinue par toutes les failles du désastre
Qu’il en retourne la coque
Évitant à des milliers la noyade
Xavier Lainé
2 juillet 2024
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