Il y a chaque matin ce goût amer
D’être parvenu au bout de tant d’années
En pays d’amertume
L’entreprise était ardue
C’était un pari contre notre humanité commune
Mener tout un peuple à l’ignorance
Ignorance de son histoire
Ignorance de sa grandeur
Lorsqu’il était encore capable
D’éclairer le monde de ses lumières
Voici qu’il y sont parvenus
Que désormais les lumières se sont éteintes
Que plus rien ne vient donner signe
D’humaine curiosité au pays des droits humains
On se vautre
On espère en d’hypothétiques sauveurs
On ne réfléchit pas
On croit
Et la croyance rend aveugle
Celui qui se laisse guider comme troupeau
Vers l’abattoir des monstres
Chaque matin ce goût amer
D’avoir passé toute une vie
À dénoncer le gouffre qui s’ouvrait
Sans avoir été entendu ni compris
Désormais incertain devant l’avenir sombre
Que les monstres du fascisme néo-libéral
Ont ouvert sous nos yeux
*
Tu traverses le jour l’esprit engourdi
Tu aimerais pouvoir vivre léger
Mais tout concourt à cette pesanteur
Qui t’assaille et jamais ne te lâche
Tu espères
Tu t’accroches à tes rêves
D’amour et d’amitié
De solidarité humaine
Qui jamais ne t’ont fait défaut
La journée passe
Tu t’épuises à vivre quand même
C’est ce « quand même »
Qui se fait boulet aux pieds de tes espérances
Tu restes devant le crépuscule pluvieux
Tes bras en mal d’étreinte et de tendresse
Tu voudrais t’endormir
Oublier un peu la mauvaise tournure du monde
L’oubli qui gagne les esprits
Sans doute en proie à cette même tienne pesanteur
Tu demeures stupéfait
De l’acharnement de quelques illuminés
Parvenus au pouvoir par défaut
À enfoncer et engoncer nos vies
Dans cette mauvaise torpeur
Cette glu qui nous colle et nous cloue
Au pilori d’une errance ouverte sur le vide
Xavier Lainé
25 juin 2024
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