vendredi 19 juillet 2024

Un goût amer 25

 





Il y a chaque matin ce goût amer

D’être parvenu au bout de tant d’années

En pays d’amertume


L’entreprise était ardue

C’était un pari contre notre humanité commune

Mener tout un peuple à l’ignorance

Ignorance de son histoire

Ignorance de sa grandeur

Lorsqu’il était encore capable

D’éclairer le monde de ses lumières


Voici qu’il y sont parvenus

Que désormais les lumières se sont éteintes

Que plus rien ne vient donner signe

D’humaine curiosité au pays des droits humains

On se vautre

On espère en d’hypothétiques sauveurs

On ne réfléchit pas

On croit

Et la croyance rend aveugle

Celui qui se laisse guider comme troupeau

Vers l’abattoir des monstres


Chaque matin ce goût amer

D’avoir passé toute une vie

À dénoncer le gouffre qui s’ouvrait

Sans avoir été entendu ni compris

Désormais incertain devant l’avenir sombre

Que les monstres du fascisme néo-libéral 

Ont ouvert sous nos yeux


*


Tu traverses le jour l’esprit engourdi

Tu aimerais pouvoir vivre léger

Mais tout concourt à cette pesanteur

Qui t’assaille et jamais ne te lâche


Tu espères

Tu t’accroches à tes rêves 

D’amour et d’amitié

De solidarité humaine

Qui jamais ne t’ont fait défaut


La journée passe

Tu t’épuises à vivre quand même

C’est ce « quand même »

Qui se fait boulet aux pieds de tes espérances


Tu restes devant le crépuscule pluvieux

Tes bras en mal d’étreinte et de tendresse

Tu voudrais t’endormir

Oublier un peu la mauvaise tournure du monde

L’oubli qui gagne les esprits

Sans doute en proie à cette même tienne pesanteur


Tu demeures stupéfait

De l’acharnement de quelques illuminés 

Parvenus au pouvoir par défaut

À enfoncer et engoncer nos vies

Dans cette mauvaise torpeur

Cette glu qui nous colle et nous cloue

Au pilori d’une errance ouverte sur le vide



Xavier Lainé

25 juin 2024


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