vendredi 28 juin 2024

Un goût amer 4

 





Je dirai le temps qui toujours manque

J’entendrai vos discours moralisateurs

Me disant qu’il est toujours possible

De le trouver quand on veut

Certes


Mais quand vous ouvrez un oeil fatigué

Devant la liste interminable des tâches

Nécessaires pour tout simplement ne pas

Ne pas se noyer ne pas tomber sous la charge

Ne pas


Je préfère ne pas

Ne pas énumérer ici les heures passées

À compter pour éviter la déroute

Je préfère ne pas


C’est tellement banal et si peu poétique

Cette lutte de chaque jour et de chaque heure

Pour ne pas


*


J’ouvre ma boite aux lettres

J’y trouve une liasse électorale


J’y découvre qu’en notre beau pays démocratique 

On peut ouvertement mener campagne raciste et homophobe

Sans qu’aucune plainte des « défenseurs des droits de l’homme » ne soit déposée


Je me dis que peut-être je devrais

Mais que vaudrait ma plainte solitaire

Devant le rouleau compresseur

Qui invite tout un peuple

À confier son âme au diable 


Je devrais pourtant

Au nom de la justice

Au nom de la mémoire

Au nom de mes enfants et petits-enfants

Qui vont devoir marcher

Au pas cadencé de l’ordre fasciste


Je prends le risque de l’écrire

Depuis trop longtemps et de tous bords

On a laissé la gangrène gagner le pays

À commencer par ceux qui n’ont jamais cessé

De répandre la misère économique 

La misère sociale

La misère culturelle


Je ne voudrais pas attendre

Le verdict du tribunal de l’histoire

Tandis que chaque jour

Tant d’âmes se perdent

Par ignorance ou rancoeur


*


Ce à quoi j’assiste, médusé :

La dissolution de toute ce qui nous fait humains

Dans les miasmes et la fange des profits d’une poignée d’individus

Qui ont depuis longtemps rompu avec la vie commune.



Xavier Lainé

4 juin 2024


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