Je dirai le temps qui toujours manque
J’entendrai vos discours moralisateurs
Me disant qu’il est toujours possible
De le trouver quand on veut
Certes
Mais quand vous ouvrez un oeil fatigué
Devant la liste interminable des tâches
Nécessaires pour tout simplement ne pas
Ne pas se noyer ne pas tomber sous la charge
Ne pas
Je préfère ne pas
Ne pas énumérer ici les heures passées
À compter pour éviter la déroute
Je préfère ne pas
C’est tellement banal et si peu poétique
Cette lutte de chaque jour et de chaque heure
Pour ne pas
*
J’ouvre ma boite aux lettres
J’y trouve une liasse électorale
J’y découvre qu’en notre beau pays démocratique
On peut ouvertement mener campagne raciste et homophobe
Sans qu’aucune plainte des « défenseurs des droits de l’homme » ne soit déposée
Je me dis que peut-être je devrais
Mais que vaudrait ma plainte solitaire
Devant le rouleau compresseur
Qui invite tout un peuple
À confier son âme au diable
Je devrais pourtant
Au nom de la justice
Au nom de la mémoire
Au nom de mes enfants et petits-enfants
Qui vont devoir marcher
Au pas cadencé de l’ordre fasciste
Je prends le risque de l’écrire
Depuis trop longtemps et de tous bords
On a laissé la gangrène gagner le pays
À commencer par ceux qui n’ont jamais cessé
De répandre la misère économique
La misère sociale
La misère culturelle
Je ne voudrais pas attendre
Le verdict du tribunal de l’histoire
Tandis que chaque jour
Tant d’âmes se perdent
Par ignorance ou rancoeur
*
Ce à quoi j’assiste, médusé :
La dissolution de toute ce qui nous fait humains
Dans les miasmes et la fange des profits d’une poignée d’individus
Qui ont depuis longtemps rompu avec la vie commune.
Xavier Lainé
4 juin 2024
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