L’été se déchire
Nuées s’accumulent
Puis grondent
Le ciel zébré s’attarde
Dans les ombres de la nuit
L’été déchiré
Le frais arrive timidement
Un calme soudain se dépose
Sur nos matins mal endormis
L’été se déchire
Certains vont disant normal
Les températures équatoriales
Les mêmes iront se plaindre
De la pluie bienfaisante retrouvée
Nous sommes résolument
Des « animaux dénaturés »
Qui ne savent plus rien de leur berceau
Voire même mettent un malin plaisir
À en défaire les dernières beautés
L’été déchiré
Le voyage se poursuit sur la Terre assoiffée
Trois gouttes ne rempliront pas les nappes
Les rivières à sec devront attendre encore
Que l’été se déchire beaucoup plus
En longs filets orageux
L’été déchiré
Mon antre restitue la chaleur emmagasinée
Le frais reste dehors
*
Vertige de page blanche
Erri de Luca et sa voix rocailleuse
Sa vie de même
La vie est une escale
Une escalade
Sur des rochers escarpés
Parfois il faut en franchir les surplombs
Marcher sur des chemins de crête
Prendre le risque de regarder le vide
En face
*
Accompagner
Pas larguer
Accompagner
Pour ne pas que vieillesse
Devienne poids
Accompagner
Pas larguer
Juste rapprocher
Inventer ce qu’il faut
Pour qu’âge puisse
Avancer avec confort
Pas larguer ses vieux
Dans l’indifférence d’un temps
Qui chaque jours
Comme mes cheveux
Voient humanité se disperser
Devenir si rare que
Pas larguer
Accompagner
Être là si besoin
Sans empiéter
Laisser l’âge
Ma mère
Prendre sa juste place
Pouvoir encore
Te tenir par la main
T’embrasser
Sans l’inquiétude
D’un lendemain triste
Accompagner
Ma mère
Puisque l’âge t’emporte
Que la fin du voyage
Te soit agréable
T’accompagner
Puisque l’été est passé
Que la Terre nous en a fait voir
T’accueillir
Marcher encore
Dans les rues de la ville
Entendre ton rire
Plus que tes colères
Pas larguer
Non
Accompagner
Xavier Lainé
27 août 2023
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