dimanche 10 avril 2022

La guerre, sans fin 38

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés


Il n’en finit plus, ce dernier jour du mois qui a vu la résurgence des monstres du passé sur le continent européen…

Monstres dont les cendres étaient encore fumantes au Montenegro.

Là aussi, l’image qui demeure est celle d’une bibliothèque historique, à Sarajevo, incendiée et réduite à néant.

C’est le souvenir de ce journaliste monténégrin rencontré par hasard qui disait qu’il nous falait regarder de près le dépeçage de la Yougoslavie car l’Europe portait en elle le spectre de ses divisions.


Demain sera jour de blagues, bonnes ou mauvaises.

Puis les jours passeront et comme dans les bonnes maisons bourgeoises, on posera des draps blancs sur les meubles et les souvenirs.

On fera semblant d’oublier.

Les enfants de la seconde guerre mondiale peuvent-ils oublier l’angoisse des bruits de bottes et des bombes ?

Les enfants du Viet-Nam, du Cambodge, de l’Algérie, peuvent-ils oublier la terreur précédant la fuite éperdue ?


« J’ai oublié presque tout ce que je t’ai dit quand je suis venu te voir, la dernière fois, mais je me souviens de tout ce que je ne t’ai pas dit. D’une manière générale, quand je repense au passé et à notre vie commune, je me souviens avant tout de ce que je ne t’ai pas dit, mes souvenirs sont ceux de ce qui n’a pas eu lieu. » écrit encore Edouard Louis.


Je suis resté, moi aussi sur ma faim. 

Mon père est parti, le 31 mars et les mots sont restés enfouis sous des tonnes de résistance.

Il était de ce monde qui ne devait jamais avouer la moindre faiblesse, sans voir que c’est cet abus de dureté qui avait engendré les guerres du passé.

Il fallait avancer blindé comme les chars envahissant Budapest ou Pragues, comme ceux pilonnant les résistances africaines.


Xavier Lainé


31 Mars 2022 (3)


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