vendredi 8 avril 2022

La guerre, sans fin 36

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés


Si étrange coïncidence, c’est un 31 mars que tu tiras ta révérence.

Pas un an après que les délirants furent élus.

Tu avais cru à leur jeunesse comme un signe d’espoir.

Parfois, on s’aveugle, on avance quand même malgré la douleur.


Le fils, lui, en réponse à l’aveuglement, adopte les dogmes opposés.

Réponse du berger à la bergère, mais pareil aveuglement !

Le fond de commerce des guerres se prélasse dans ce lit.

Tandis que les uns militent, persuadés de leurs convictions, qu’on s’écharpe et qu’on s’étripe pour un pouvoir qui toujours nous fuit, d’autres tirent les ficelles, les grosses ficelles.


Qu’aurais-tu dis et pensé, mon père, devant le désastre et le champ de ruines ?

Il n’aura pas fallu longtemps pour que les destructions de toute humanité s’accélèrent, sous l’emprise de ces déjà-hors-humains qui se sont approprié tout pouvoir sur nos vies.

Peut-être as-tu eu raison de tirer ta révérence avant que nous tombions dans ce précipice, ce gouffre vertigineux de la guerre de tous contre tous, sans fin.


Ce fut peu de temps après ton départ que je tombais sur le petit livre d’Edouard Louis dont le titre attira mon attention : « Qui a tué mon père ? »

Je me posais la même question.

C’était quoi ce cancer, sinon celui de la bêtise montante qui ne cessait de te ronger de l’intérieur, de cette sourde révolte qui ne trouvait plus d’émonctoire ?

Il fallait bien que ça sorte, puisque, en quelques mois tu es passé de discours défendant encore tes dogmes à un mutisme qui en disait long sur tes ruminations intérieures.


Xavier Lainé


31 mars 2022 (1)


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